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le retour à un système de paix et d’économie, malgré les vastes et riches provinces ajoutées à ce pays déjà si vaste et si riche, l’Inde anglaise, loin de venir en aide à la métropole, n’est pour elle qu’un surcroît d’embarras, une cause de déficit, et elle lui fait dans le classement de ses capitaux nationaux une concurrence désastreuse. Quelques chiffres dont nous garantissons l’exactitude permettront d’apprécier les derniers résultats de l’administration de lord Hardinge et la position financière de l’Inde anglaise au 1er mai 1847. Cette colonie se trouvait au 1er mai 1843 avec un revenu total d’environ 22,000,000 livres sterling et une réserve en caisse de 8,532,067. Sa dette publique était alors de 35,703,776 liv. st. — Le 1er mai 1844 a donné un déficit de 1,600,000 liv. st. ; — Le 1er mai 1845, un déficit de 2,700,000 ; — le 1er mai 1846, un nouveau déficit de 3,200 ; 000 ; le 1er mai 1847 présentera un déficit décroissant évalué à 1,250,000 ; — le total des déficits se monte donc à 8,750,000 liv. st.

Il est évident que ce déficit eût plus qu’absorbé la réserve en caisse, si lord Hardinge n’avait pris la précaution, d’ouvrir un nouvel emprunt à 5 pour 100, qui a fourni, jusqu’à la date du 1er avril 1847, une somme de 3,000,000 sterl. En ajoutant cette somme à la réserve de 1843 et déduisant les déficits, on voit que l’encaisse actuel du gouvernement de l’Inde est de 2,782,067 livres sterling, et sa dette publique de 38,703,776, grevées d’un intérêt de 1,847,753 liv. sterling, c’est-à-dire que l’encaisse ne suffirait pas à payer deux années de l’intérêt de la dette. Cette situation ne serait pas précisément mauvaise, si les revenus actuels s’équilibraient avec les dépenses ; elle devient des plus inquiétantes en présence de déficits nouveaux. Lord Hardinge a travaillé sans relâche, depuis la fin de la guerre, à rétablir cet équilibre, et, grace à ses arrangemens avec le Penjab et à des réductions de tout genre qu’il a faites dans tous les départemens du service public, et notamment dans l’effectif de l’armée, le budget pour l’année finissant le 1er mai 1848 présentera un déficit beaucoup moindre quelles précédens ; cependant ce sera encore un déficit. Voici comment il faut le calculer.

En supposant les revenus et les dépenses exactement les mêmes en 1848 qu’en 1847, avec la charge additionnelle des intérêts des 3 millions de liv. st. du nouvel emprunt, le déficit pour le 1er mai 1848 eût été de 1,400,000 ; mais les réductions que lord Hardinge vient d’ordonner dans l’effectif de l’armée de l’Inde produiront une économie de 300,000 liv. st. Les nouvelles provinces conquises sur le Penjab donneront une augmentation de revenu de 500,000 livres sterl. De nouveaux arrangemens douaniers produiront un surcroît de recette de 120,000 liv. st. Les droits et le monopole de l’opium s’accroîtront cette année de 100,000 liv. st. Enfin le gouvernement sikh s’est engagé à payer d’ici à sept ans, pour la protection et l’administration de ses états par la compagnie, une indemnité annuelle de 220,000 liv. st. En additionnant ces économies et ces bénéfices, on arrive au total de 1,240,000 liv. st., qui, retranché de 1,400,000 liv. st., laissera pour le 1er mai 1848 un déficit de 160,000 liv. st. Ce résultat est encore loin d’être satisfaisant et démontre la nécessité de réductions nouvelles. En attendant que sir Henry Hardinge ait pu découvrir les points sur lesquels ces réductions devront porter, il doit, pour parer aux éventualités, augmenter l’encaisse de la compagnie, et c’est dans cette vue que l’emprunt ouvert à 5 pour 100, au pair, ne sera point fermé jusqu’à ce qu’il ait produit deux autres millions de livres sterling. En présence de cet appel incessant de capitaux fait par