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SOUVENIRS


D'UN NATURALISTE.




LES CÔTES DE SICILE.


V.

L'ETNA.




Depuis notre départ de Milazzo, nous n’avions pour ainsi dire pas perdu de vue le sommet de l’Etna, encore fumant de l’éruption de 1843. A Giardini, nous avions embrassé du regard toute la partie orientale du volcan et rencontré la première coulée de lave, celle qui, trois cent quatre-vingt-seize ans avant l’ère chrétienne[1], vint, à six lieues du cratère, former la pointe de Schiso. Souvent nous avions vu la fumée qui s’échappait du cône refléter, pendant la nuit, la teinte rougeâtre des feux souterrains ; souvent aussi un grondement sourd, mais d’une incroyable puissance, était venu frapper nos oreilles comme une menace ou un appel lointain. En côtoyant, sur une étendue d’environ douze lieues, le rivage qui sépare Taormine de Catane, nous avions à chaque pas reconnu l’action des forces volcaniques. Roches, vases ou sables, tout ce qui forme cette côte n’a pas d’autre origine. Partout arrive,

  1. Historical and topographical map of the eruptions of Etna from the era, of the Sicani to the present time (1824), by Joseph Gemellaro. — Ce plan est accompagné d’une légende écrite en anglais et en italien.