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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.


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14 septembre 1847.

Nous vivons dans un temps difficile pour tout le monde et surtout pour les gouvernemens. Notre siècle a l’humeur exigeante ; il demande à ceux qui ont en main la puissance d’en faire un instrument du bien général, et il veut trouver dans les plus hautes situations l’heureuse influence des bons exemples. Quel vertige, à une époque si redoutable par son esprit de contrôle et de censure, a donc égaré quelques têtes qui portent la couronne ? Le pouvoir suprême, de nos jours surtout, n’est pas une dispense des devoirs ordinaires. Cependant, sur plusieurs points de l’Europe, à Munich, à Madrid, de tristes spectacles sont offerts à la maligne curiosité des masses. Ici la vieillesse, en accablant de distinctions et de largesses la plus singulière des favorites, irrite la noblesse et scandalise le peuple ; là, l’inexpérience de la jeunesse s’abandonne à tous les caprices, puis elle croit échapper au jugement de l’opinion, parce que des intrigans lui ont promis le silence de quelques journaux comme une prime de leur avènement au pouvoir. À la vue de pareilles fautes, les passions démocratiques poussent des cris d’allégresse : faut-il s’étonner qu’elles considèrent comme autant de triomphes ces déchéances morales du pouvoir souverain ?

Cependant à ces aberrations étranges il y a des compensations qu’il serait injuste de méconnaître. Depuis un an, la chrétienté voit sur le trône pontifical un honnête homme qui veut le bien avec une sincérité dont on n’a jamais douté, avec une constance qui remplit aujourd’hui de joie les vrais amis de l’Italie. Quand, dès les premiers jours de son avènement, Pie IX annonça l’intention de porter dans le gouvernement des États Romains de sages et nécessaires réformes, à qui donc mieux qu’à la France pouvait convenir une semblable politique ? N’est-ce pas la France qui, dès 1831, a demandé à Grégoire XVI toutes les réformes ad-