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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.


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30 juin 1847.


Ce n’est pas la vivacité des débats parlementaires que nous déplorons : cette vivacité est une des conséquences naturelles de nos institutions et de nos mœurs politiques ; mais l’objet de ces débats, mais les accusations et les misères sur lesquelles ils ont roulé, voilà ce qui nous remplit d’un sentiment douloureux. Lorsque dans les premières années qui suivirent 1830, les chambres se livraient à de véhémentes discussions, les questions étaient grandes et les passions généreuses. Alors il s’agissait, dans ces luttes, des conditions de la paix européenne ou des bases de notre organisation intérieure. Aujourd’hui les questions, les affaires qui agitent le parlement, sont d’une nature telle que c’est en dehors de la politique qu’il faut aller les chercher. Par quelles déviations fâcheuses la dignité des débats parlementaires s’est-elle si fort altérée ?

On a pu reconnaître les inconvéniens d’une première résolution prise avec plus d’entraînement que de réflexion par un grand pouvoir. Nous avons regretté que la chambre des pairs ait attaché trop d’importance à une allégation de la presse quotidienne. Avons-nous eu tort ? Il est arrivé que les deux chambres ont dû s’occuper solennellement d’une phrase de journal qu’assurément on avait oubliée, quand elle a été dénoncée à l’attention de la pairie. Dans cette circonstance, la chambre des députés s’est montrée surtout animée d’un sentiment que nous ne saurions trop louer. Elle a prouvé que, si elle est justement jalouse de ses propres prérogatives, elle a un respect sincère pour les droits constitutionnels de l’autre chambre. Elle n’a pas voulu, comme quelques-uns le lui demandaient, substituer sa propre appréciation à celle de la pairie, qui seule devait juger si réellement elle était offensée. Outre ces raisons de principes, la chambre a encore été déterminée par la tournure qu’ont prise les débats, par la manière si nette dont la question s’est trouvée posée, de l’aveu de tout le monde principes constitutionnels, motifs politiques, tout a donc décidé la chambre à autoriser les poursuites contre celui de ses membres qui se voyait sous la prévention d’une offense à la pairie.