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nous y trouvons de nouveaux motifs pour le gouvernement d’accomplir le plus tôt possible les améliorations annoncées à la chambre.

On se rappelle que, dans sa réponse au discours de la couronne, la chambre avait déclaré qu’elle veillerait à ne laisser s’introduire aucune dépense nouvelle qui ne serait pas justifiée par une évidente nécessité. Cette volonté de la chambre est devenue comme le programme de la commission du budget. Toutefois le rapporteur, M. Bignon, a insisté sur les difficultés qu’il y avait à opérer des réductions importantes dans le budget ordinaire. En effet, le budget des dépenses de la France est divisé en cinq grandes parties : la dette publique, — les dotations, — les services généraux, — les frais de régie et de perception, — les remboursemens, restitutions et non-valeurs. Sur ces cinq parties, deux seulement peuvent être soumises à des réductions, les services généraux, les frais de régie et de perception ; mais, on l’a dit, un pays organisé comme le nôtre doit être administré fortement ; si l’on veut garantir les intérêts du trésor, assurer les revenus publics, il faut se garder, par des réductions arbitraires, d’ébranler notre constitution administrative. Dans presque tous ses votes sur les diverses allocations du budget, la chambre s’est montrée préoccupée de ce principe. Elle a reconnu aussi l’utilité de certaines augmentations qui, faites à propos, préviennent pour l’avenir des dépenses plus considérables. C’est ce qu’a fort bien démontré M. Vitet, quand il a combattu la réduction proposée sur la somme consacrée à la conservation d’anciens monumens historiques. En effet, une pareille économie entraînerait la ruine de monumens précieux, ou en rendrait plus tard la conservation extrêmement coûteuse. Un membre de l’opposition, M. Léon de Maleville, n’a pas moins insisté que M. Vitet sur le maintien du crédit, que la chambre a voté intégralement. Les intérêts élevés des arts et des lettres ont trouvé dans le parlement des sympathies tutélaires. La chambre n’a pas voulu réduire les subventions aux théâtres royaux. Sur l’importante question du Théâtre-Français, elle était complètement édifiée par les travaux de la commission administrative qu’avait instituée l’hiver dernier M. le ministre de l’intérieur. Cette commission s’est livrée à une enquête approfondie, et les résultats de cette enquête ont été présentés d’une manière fort remarquable par M. Vivien dans un rapport qui a pour conclusion un projet de réforme dont les bases ont été adoptées par l’administration. C’est en ayant sous les yeux cet intéressant document que la commission du budget a pu apprécier les diverses causes du malaise de la Comédie-Française, et les moyens les plus propres à en arrêter les effets. Rien n’est plus utile pour activer les délibérations parlementaires que ces grands travaux préparatoires où se trouvent concentrés tous les élémens d’une question. De cette façon, les chambres peuvent voter sur des matières délicates en parfaite connaissance de cause, sans cependant entrer dans des détails qui ne conviennent pas toujours à de grandes assemblées.

À mesure que se déroule la discussion du budget, discussion laborieuse et souvent agitée par d’orageux incidens, nous approchons du terme de la session. Si nous jetons un coup d’œil sur les six mois qui viennent de s’écouler, nous les trouvons plus féconds en leçons pour l’avenir qu’en résultats positifs. Au moins, qu’à défaut de travaux importans ces leçons ne soient pas perdues. Le ministère