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le tube propulseur aura un diamètre intérieur de 63 centimètres. Sur les 5,200 mètres qui séparent Nanterre de cet embranchement, le tube n’aura que 38 centimètres de diamètre comme à Dalkey. Ce tube se compose de tuyaux partiels convenablement renforcés, au nombre de 850 pour les plus grands pesant 490 kilogrammes le mètre courant, au nombre de 1,800 pour les plus petits pesant seulement 200 kilogrammes, et coûtant tous 29 fr. 50 cent. les 100 kilogrammes. Ces tubes ont la même forme, sauf les deux extrêmes, qui sont évasés en pavillon de cor, pour faciliter l’introduction du piston ; ils peuvent être coulés ouverts, c’est-à-dire qu’on commence par former la rainure destinée à recevoir la soupape et qu’on la régularise ensuite, ou bien ils peuvent être coulés pleins et fendus après coup avec une machine à planer. Ils sont grossièrement lissés et graissés à l’intérieur ; la pose sur la voie en est exécutée avec soin ; chaque tube s’emboîte dans le suivant par l’intermédiaire d’un manchon ; l’espace libre ainsi laissé est rempli avec de la corde et un mastic particulier.

Deux soupapes, dites d’entrée et de sortie, ferment le tube propulseur aux extrémités ; elles s’ouvrent toutes deux dans le sens du vide au moyen d’ingénieux mécanismes et de l’air atmosphérique. Comme à Saint-Germain le tube pneumatique n’est jamais parcouru que dans une direction, — celle de la rampe, — ces soupapes sont suffisantes ; mais, dans le cas le plus général, chaque extrémité devrait être munie d’une soupape d’entrée et d’une soupape de sortie, ou, comme en Angleterre, d’un système unique qui pourrait se mouvoir à volonté dans les deux sens. — Le piston propulseur, organe tout-à-fait secondaire, se compose essentiellement de trois parties enflées sur une même tige : le piston proprement dit, cylindre en bois ou en métal terminé par deux cônes ; derrière celui-ci, la tige qui doit communiquer le mouvement au train, et l’appareil de galets, dont nous avons parlé en décrivant l’invention de MM. Clegg et Samuda ; enfin une masse en bois qui fait contre-poids. Tout cet appareil de traction n’est pas directement lié au wagon conducteur[1] ; il est supporté par un petit chariot, totalement indépendant de ce wagon, auquel il est fixé, pendant la marche, par un système de tenailles, et dont il peut être aisément séparé pour la facilité de quelques manœuvres. Cette disposition servira en outre, à Saint-Germain, à simplifier le passage du petit tube au gros, ou réciproquement. Peut-être aussi adoptera-t-on un piston dit à expansion, susceptible de s’ouvrir en quelque sorte comme un parapluie, et qui prendrait dans chaque tube la dimension convenable. La question est encore indécise.

Il est maintenant aisé de faire comprendre comment s’effectue le trajet du pont de Montesson à Saint-Germain par le système atmosphérique. Le wagon directeur est engagé dans le tube, attendant le train qu’une locomotive amène de Paris au bois du Vésinet ; la soupape d’entrée a été fermée derrière le piston, qui ne peut prendre aucun mouvement. Arrivé à la station de Montesson, le train s’arrête ; au moyen de deux croisemens et d’une voie latérale, la locomotive passe à la queue du train et le pousse de manière à ce qu’il puisse être

  1. On nomme ainsi le wagon sur lequel se tient le mécanicien. Ce wagon renferme les leviers qui servent à diverses manœuvres, et particulièrement à celle des freins, et un baromètre qui, en communiquant à travers le piston avec l’intérieur du tube, indique à chaque instant le degré de vide.