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DE


L'HISTOIRE DU JANSENISME.




LA VERITE SUR LES ARNAULD, complétée à l’aide de leur correspondance inédite, par M. Pierre Varin[1].




En 1638, un théologien, dont la vie entière s’était absorbée dans la méditation des mystères de la foi, mourut en Hollande en léguant à ses héritiers un volumineux manuscrit qu’il avait, à différentes reprises, refait, corrigé, recopié de sa main. Le théologien recommandait à ses exécuteurs testamentaires de soumettre son œuvre à l’examen du saint-siége, et de la faire disparaître, si la sagesse des prélats romains y trouvait quelques doctrines contraires aux enseignemens de l’église. Malgré cette volonté suprême, qui témoignait d’un respect profond pour la tradition catholique, le livre fut donné au public tel qu’il avait été écrit. Le théologien, c’était Corneille Janssen ou Jansenius, évêque d’Ypres. Le livre, c’était l’Augustinus, commentaire obscur et diffus des opinions de saint Augustin sur la grace, ouvrage aride et d’autant plus inextricable que saint Augustin n’avait point, toujours été d’accord avec lui- même. Peu de gens devaient lire l’énorme in-folio de Jansenius ; personne n’en avait saisi dès l’abord le véritable sens, personne n’avait pénétré avec assurance au fond des subtilités qu’y avait entassées l’auteur, et, cependant, ce volume allait occasionner en France une agitation qui devait se prolonger pendant tout un siècle. Il allait tout à la fois diviser le clergé, provoquer d’odieuses persécutions, ébranler la royauté, soulever contre elle des haines violentes, révéler de nobles caractères

  1. 2 Volumes in-8o, chez Poussielgue-Rusand.