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nouvelle à chaque échéance des intérêts de la dette contractée en 1832. On sait qu’à cette époque, les trois puissances qui fondèrent le royaume de Grèce garantirent en sa faveur un emprunt qui s’élevait à 60 millions. Pourquoi a-t-il toujours été si difficile à la Grèce de servir les intérêts et l’amortissement de ce capital ? C’est à cette question que M. Coletti avait résolu de répondre de la manière la plus péremptoire. Il voulait aussi convaincre les trois puissances garantes du désir sincère qu’avait le gouvernement grec de remplir ses obligations. Dans cette pensée, il adressa, il y a un mois, le 30 août dernier, une note collective aux trois cours d’Angleterre, de France et de Russie. Cette note a été probablement son dernier travail.

Un organe de la presse anglaise reprochait ces jours passés à M. Coletti de chercher, dans ses budgets, à donner le change sur les ressources financières de la Grèce. Jamais accusation ne fut moins fondée. En effet, si nos informations sont exactes, M. Coletti, dans sa note du 30 août dernier, ne se contentait pas de rappeler les obstacles contre lesquels a dû lutter le gouvernement grec depuis son origine, tels que l’insuffisance des revenus, la tendance des assemblées à réduire les impôts tout en augmentant les dépenses, l’impossibilité pour le pouvoir exécutif d’accomplir certaines améliorations, mais il offrait aux puissances garantes de l’emprunt de leur soumettre les budgets de la Grèce avec tous les détails des divers services financiers. Cet examen serait pour le cabinet d’Athènes la meilleure des apologies. Toutefois il ne suffit pas de se justifier pour le passé, il faut songer à l’avenir. C’est ce que ne niait pas M. Coletti ; aussi faisait-il connaître aux trois puissances les résolutions qu’il avait prises. Le gouvernement grec s’était déterminé à l’aliénation, sinon de la totalité des biens nationaux, au moins de ceux qui ont une valeur productive actuelle et qui dépérissent sous le régime du fermage. Au moyen de ces ressources nouvelles, la Grèce s’engagerait à payer annuellement, de 1848 à 1850, le tiers des intérêts et de l’amortissement ; de 1851 à 1853, la moitié ; de 1854 à 1856, les deux tiers ; de 1857 à 1859, les trois quarts. A partir de 1860, les puissances cesseraient de venir en aide à la Grèce, qui fournirait seule au service intégral de l’emprunt. Non content de ces offres, M. Coletti proposait d’affecter les produits de la douane de Syra à la garantie de la somme que devait payer la Grèce pendant la première période de trois ans : ces produits seraient versés annuellement à la banque d’Athènes sous la surveillance des légations, et si, pour les autres périodes, ils ne formaient pas un gage suffisant, on y joindrait d’autres branches de revenus. En face de pareilles propositions, les trois puissances protectrices pourraient-elles méconnaître que le gouvernement grec s’offrait lui-même à l’application rigoureuse de la convention de 1832, qui a stipulé dans son article 6 que les premiers revenus de l’état seraient consacrés avant tout au paiement des intérêts et de l’amortissement de la dette ?

A de semblables ouvertures, il n’y avait qu’une objection à prévoir, celle relative au semestre de septembre 1847. Dans sa communication diplomatique, M. Coletti allait au-devant : d’ailleurs, il ne pouvait oublier une pareille objection après la note remise à ce sujet par sir Edm. Lyons. Tout en rappelant les circonstances difficiles où se trouve la Grèce par une mauvaise récolte, par des événemens qui ont nécessité des dépenses imprévues, le chef du cabinet d’Athènes annonçait que, dans le cas où les puissances exigeraient que l’arrangement à intervenir