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ordonne et explique tous les jours dans les ouvrages qu’elle publie et dans les cours qu’elle fait. Ces idées qu’ils reçoivent sur toutes les grandes questions qui intéressent l’homme, les étudians les emportent avec eux dans la Roumélie, dans le Péloponèse, dans les îles, où s’organise ainsi peu à peu la pensée publique. Et puis ces jeunes gens venus de tous les points du royaume apprennent sur les mêmes bancs à se connaître et à s’aimer. Ce droit qui leur est accordé à tous également de s’instruire auprès des mêmes maîtres leur rappelle qu’ils ont tous, d’où qu’ils arrivent, le même prix aux yeux de l’état. On aime à rencontrer aux portes de l’université ces groupes variés et pittoresques où se voient, à côté du simple costume qui est le nôtre, la fustanelle élégante de l’Athénien et l’ample et sévère pantalon des îles. Ainsi se mêlent et se confondent de plus en plus ces Hellènes qui formeront les générations futures. Cette fusion si heureusement commencée par une lutte de sept années, pendant laquelle tous ont couru les mêmes dangers, enduré les mêmes fatigues et soutenu les mêmes combats sous le même drapeau, cette fusion, l’université la consommera peu à peu. Elle poursuivra sans relâche le double but qui lui est marqué, c’est-à-dire l’éducation et l’union de la Grèce. Elle sera secondée par le gouvernement, par ceux qui sont chargés de l’enseignement élémentaire, par les sociétés savantes, par tous les bons citoyens. Les secours de l’Europe ne lui manqueront pas non plus. Elle y compte, elle a le droit d’y compter, puisqu’elle n’a jamais été ingrate, et puisque d’anciens bienfaits obligent les grandes nations comme les grandes ames à des bienfaits nouveaux.


CHARLES LÉVÊQUE.