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« Sa majesté la reine du royaume-uni de Grande-Bretagne et d’Irlande et sa majesté le roi de Hanovre s’engagent mutuellement à n’accorder aux sujets de quelque état que ce soit aucune diminution de droit, aucune faveur, aucune franchise en matière de commerce et de navigation, sans l’étendre en même temps aux sujets de l’autre partie actuellement contractante. Cette extension se fera gratuitement ou sous condition, selon que les avantages accordés par l’une des deux hautes parties contractantes à d’autres états seront ou gratuits ou conditionnels. »

Ainsi le Hanovre voudrait-il par hasard, d’ici à 1854, entrer dans l’union douanière, il devrait en quelque sorte y porter l’Angleterre avec lui. L’Angleterre lui monte en croupe ; c’est un curieux et caractéristique acharnement de l’exploitation commerciale. Les ports hanovriens ne sauraient devenir ports du Zollverein sans ouvrir au même instant le Zollverein lui-même à la fabrique anglaise, et celle-ci, appuyée sur son traité particulier avec le Hanovre, n’aurait pas même d’accommodement plus général à débattre avec l’Allemagne. On n’a jamais mieux enlacé son ennemi.

Tant d’efforts et de si habiles ne devaient pas néanmoins abattre le parti des droits différentiels : ni la perfidie de l’Angleterre (car l’Allemagne crie maintenant à son tour contre la perfide Albion), ni les embarras intérieurs du Zollverein, n’empêchaient la nouvelle pensée d’unité germanique de se propager dans l’ombre jusqu’à ce qu’elle éclatât au grand jour. Hambourg même se divisait sur cette question brûlante, et il s’y formait un camp de protecteurs patriotes en face des soutiens de l’étranger, des obstinés free-tradistes.

Il y a depuis quelque temps à Hambourg une opposition dans le sens que prend ce mot-là pour les grands états politiques : les pouvoirs constitués, le sénat, la bourgeoisie, les collèges commerciaux, sont des corporations fermées, assises sur le privilège aristocratique ou industriel. L’antique cité n’a point encore ouvert ses institutions à tout le peuple pour qui elle a dû élargir son enceinte et ouvrir ses portes. De là maintenant, dans certaines fractions de la société, des plaintes continuelles contre le sénat ; de là le mot de réforme et le nom de libéral arborés comme des drapeaux ; de là des associations jusqu’ici inconnues chez des gens plus occupés de négoce que de politique. Parmi ces associations, le côté de la ville natale, comme il s’appelle, die vaterstœdtische Seite, recruté surtout d’hommes de loi, poussé par un chef plein d’ardeur, le juge Baumeister, a déclaré la guerre tout à la fois aux abus de la vieille constitution hambourgeoise et aux influences anti-nationales de l’étranger. Cette société d’ultra-libéraux se trouvait ainsi très mal disposée pour la liberté du commerce. Le sénat de Hambourg n’avait point fait semblant de s’être aperçu du mémoire prussien de 1845 ; la tactique du silence est familière à cette haute et prudente aristocratie ;