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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.


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31 octobre 1847.

La question suisse a acquis une gravité nouvelle, et présente de jour en jour un surcroît de dangers pour la paix générale. Nous avouons sans détour qu’il nous paraît impossible, dans les temps où nous vivons, de poser d’une manière absolue le principe de non-intervention. C’est une règle qui, comme toutes les autres, ne peut subsister sans exceptions, et qui sans cela ne serait pas conforme à la nature humaine. Nous n’appliquons point cette remarque à la Suisse plus qu’à tout autre pays ; c’est une remarque générale. Ceux qui protestent à l’avance, contre toute intervention seraient les premiers à en demander une, si elle devait servir leur cause et leurs passions. Le gouvernement français, quand il a envoyé un corps d’armée en Belgique et qu’il a fait le siège d’Anvers, a fait, ce nous semble, un acte d’intervention bien formel ; il en a fait un autre quand il s’est emparé d’Ancône. Cependant nous ne sachons pas qu’on lui en ait fait un reproche, au contraire. Si, à une autre époque, il n’est pas intervenu en Espagne, ce n’est assurément pas la faute de ceux qui voudraient lui imposer aujourd’hui une complète neutralité dans d’autres affaires. L’intervention était alors le principe et la règle pour ceux qui la condamnent maintenant comme attentatoire à la liberté et aux droits des peuples. La vérité est que de nos jours les nations ne sont plus des membres isolés de la grande société ; elles sont solidaires les unes des autres. Il ne peut pas être indifférent à l’Europe qu’une république placée dans son centre trouble violemment l’ordre établi et menace incessamment le repos général, et les puissances qui ont garanti le pacte fédé-