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tique s’est porté presque exclusivement sur les affaires de la Suisse, et l’intérêt du monde financier sur les affaires de l’Angleterre. On aurait pu craindre que l’état de la place de Londres ne réagit sur la place de Paris. Aucune de ces inquiétudes ne s’est réalisée. Quand la nouvelle de faillites considérables arrivait, soit de New-York, soit de Saint-Pétersbourg, nous n’avons pas entendu dire qu’en France il se soit déclaré aucun désastre dans le monde de la banque ou dans le monde du commerce. C’est une justice qui a été universellement rendue au crédit de la France, qu’au milieu de ces nombreuses catastrophes il n’avait pas été le moins du monde ébranlé. On a quelquefois reproché à la France de manquer de hardiesse et de ce qu’on appelle l’esprit d’entreprise ; l’événement la justifie complètement, et a prouvé que, si elle se refusait à courir des chances quelquefois brillantes, du moins elle avait la sagesse et la prudence de se préserver des excès du jeu et de la spéculation.

Les banquets de la réforme électorale ont continué, mais sans beaucoup de succès. Nous ne sommes point insensibles aux imperfections de notre législation électorale et parlementaire, mais nous devons cependant attacher quelque signification à la réserve que gardent sur ce point les hommes les plus importans et les plus considérables de l’opposition elle-même. Ainsi il nous est impossible de ne pas remarquer que M. Thiers s’est soigneusement tenu à l’écart de toutes ces manifestations. Ni les sollicitations de ses amis, ni les provocations de ses adversaires, n’ont pu le faire sortir d’un silence qui a été pour les banquets de la réforme une calamité publique. Un coup plus rude encore était réservé à l’agitation réformiste. Un des hommes sur lesquels elle croyait devoir compter le plus ne lui a pas même laissé le bénéfice de son silence et de sa neutralité. M. Dufaure l’a mise à l’index, et les journaux de la gauche ont, à leur tour, lancé l’excommunication contre le député de Saintes. C’est un petit incident qui peut avoir sa portée dans la session prochaine.



REVUE LITTÉRAIRE

Histoire de la conquête de l’algérie, de 1830 a 1847, par M. de Mont-Rond[1]. — On a beaucoup écrit sur l’Algérie, et on écrit tous les jours encore beaucoup sur ce sujet ; mais bien peu de ces livres que la circonstance inspire survivent à la circonstance. Voici un ouvrage qui nous paraît destiné à un meilleur sort en ce qu’il n’est pas un traité sur telle ou telle question de détail, mais un récit de tout ce qui s’est accompli en Algérie depuis dix-sept ans. L’Histoire de la conquête de l’Algérie, de 1830 à 1847, par M. de Mont-Rond, capitaine d’artillerie, n’est pas non plus une compilation comme toutes les histoires publiées jusqu’ici ; c’est un livre écrit évidemment par un témoin oculaire qui a pris part à presque tous les événemens qu’il raconte, par un homme qui a tout vu en

  1. Deux volumes in-8o, au Comptoir des Imprimeurs-unis, 15, quai Malaquais.