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milieu de l’obscurité en rétrécissent sans cesse le domaine, et, dans quelques branches de l’administration, la masse des faits judicieusement observés sera bientôt assez considérable pour se systématiser, et fournir des règles de conduite sûres à l’esprit d’association et au gouvernement.

La connaissance de l’état de la population est certainement une de celles qu’il importe le plus d’acquérir. Il est peu de questions importantes dans la solution desquelles elle n’entre comme élément principal ; faute de cette base, la plupart des calculs à faire sur les besoins et les ressources du pays deviennent impossibles, et, dans les incertitudes où la plonge l’ignorance des limites entre lesquelles elle doit agir, la prévoyance elle-même devient insuffisante ou onéreuse.

Notre centralisation administrative, les tendances politiques de notre temps, la marche de notre industrie, le rapprochement de toutes les intelligences de notre pays, et l’on pourrait presque dire de l’Europe, le rayonnement des chemins de fer, qui, comme autant d’artères électriques, porteront bientôt d’heure en heure, aux extrémités du territoire, les moindres battemens du cœur du royaume ; ces circonstances, et mille autres qu’il serait trop long d’énumérer, attachent au tableau du mouvement de la population de Paris un immense intérêt. De nombreux recensemens ont été faits jusqu’à ce jour : aucun n’a offert le degré de certitude de celui dont MM. Husson et Pontonnier viennent de présenter le détail[1]. Ils ont exposé, au début de leur travail, les titres de ce document à la confiance du lecteur. Il suffira de rappeler ici que le dénombrement de 1846 est l’ouvrage de 193 commissaires, de 12 contrôleurs et de 4 vérificateurs, munis de tous les moyens de recherche et de contrôle dont peut disposer l’administration, et qu’il a sa base principale dans un état nominal de tous les habitans de Paris, recueilli, non pas maison par maison, mais appartement par appartement et ménage par ménage. On a pu, de la sorte, introduire dans les divisions de la population une très grande précision, et restreindre les erreurs dans de très étroites limites. Ce recensement servira de point de départ à des observations dont le secret appartient à l’avenir ; mais, quoique les recensemens qui l’ont précédé soient loin de présenter les mêmes garanties d’exactitude, il est permis d’y chercher des termes de comparaison qui ne se trouveraient nulle autre part, et qui d’ailleurs ne sauraient être très éloignés de la réalité.

On sait que, dans les recensemens généraux des populations des villes, on tient séparément compte, pour l’établissement des charges

  1. Rapport sur les résultats généraux du dénombrement de la population opéré en 1816 dans la ville de Paris et les autres communes du département de la Seine, par MM. Husson et Pontonnier.