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mon travail. J’espérais trouver des documens précieux dans la bibliothèque de l’Académie de l’Histoire à Madrid, notamment l’appendice annoncé par M. Llaguno, éditeur d’Ayala, et qui n’a jamais été imprimé. Il m’a été impossible de découvrir ce recueil qui, d’après le profond savoir de son auteur, devait être du plus haut intérêt. J’ai indiqué dans mes notes le petit nombre de pièces que j’ai trouvées dans la bibliothèque de l’Académie, dont l’accès m’a été ouvert avec la plus grande libéralité. J’ai été plus heureux à Barcelone en 1846, et, pendant mon séjour dans cette ville, j’ai pu prendre connaissance d’un grand nombre de pièces fort importantes, quelques-unes analysées par Zurita, d’autres complètement inédites, à ce que je pense. Qu’il me soit permis de témoigner ici toute ma reconnaissance à M. l’archiviste de la couronne d’Aragon, don Prospero de Bofarull. Les archives de Barcelone renferment une quantité vraiment innombrable de chartes et de manuscrits classés dans un ordre parfait par les soins du savant modeste qui, depuis plus de trente années, dirige cet établissement ; mais la richesse même de ce dépôt eût été pour moi une cause d’embarras, si don Prospero et son fils don Manuel, archiviste adjoint, ne m’eussent dirigé dans mes recherches avec une complaisance que je n’oublierai jamais. Je leur dois l’indication de tous les registres et de tous les parchemins qui pouvaient m’offrir des renseignemens utiles. Ce n’était pas tout ; il fallait encore déchiffrer ces registres. Avec une patience qu’on appréciera chez des hommes qui savent faire un aussi bon usage de leur temps, MM. de Bofarull ont bien voulu me donner des leçons et de paléographie aragonaise et de langue catalane. Sous des maîtres aussi habiles, mes progrès devaient être rapides. Si cette histoire a le mérite de quelque discernement dans le choix des documens originaux et de quelque exactitude dans leur emploi, je dois le rapporter surtout à MM. don Prospero et don Manuel de Bofarull.


I.

SITUATION DE L’ESPAGNE A L’AVENEMENT DE DON PEDRE. – 1350.


I.

Vers le milieu du XIVe siècle, au moment où don Pèdre monta sur le trône de Castille, la Péninsule ibérique se divisait en cinq monarchies c’étaient les royaumes de Castille, d’Aragon, de Navarre, de Portugal et de Grenade.

Le plus vaste de tous, le royaume de Castille, eut une humble origine ; long-temps la province qui lui donna son nom avait appartenu