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convoquer les milices de cinq lieues à la ronde et emmener la moitié des hommes valides[1]. À ces dispositions il faut encore ajouter des peines portées contre les mendians et les vagabonds, parmi lesquels se recrutent d’ordinaire les ennemis de la tranquillité publique[2].

Les relations de la Castille avec les royaumes voisins rentraient dans la compétence des cortès générales. Les communes réclament contre un tarif de douanes établi par la Navarre, et demandent la révocation d’une convention commerciale entre la Castille et l’Aragon, onéreuse à la première de ces deux puissances. On voit encore les villes maritimes de la Biscaïe solliciter la ratification d’un traité qu’elles ont conclu avec l’Angleterre, de leur propre autorité, comme il semble[3]. Alors les cités commerçantes jouissaient d’une indépendance singulière. On sait que, deux siècles après, le Portugal, en paix avec le roi de France, avait une rude guerre à soutenir contre un bourgeois de Dieppe[4].

Pendant les voyages d’un roi de Castille, voyages fréquens à cette époque où il n’y avait pas de résidence fixe pour la cour, les villes et les ordres militaires étaient tenus de le défrayer ainsi que toute sa suite. On lui devait ce que l’on appelait la chère (yantares), et la dépense était souvent fort considérable, d’autant plus qu’en de telles occasions les officiers du roi l’augmentaient indéfiniment par leurs exigences. Sur la réclamation des communes, un règlement fixa la quotité de la dépense, la nature des prestations et jusqu’au menu des repas offerts. Il fut stipulé que le roi et la reine seuls auraient droit à exiger les frais de réception pendant leurs voyages[5].

Parmi les nombreuses pétitions adressées au roi par les députés des villes, on cherche en vain quelques plaintes contre les usurpations ou les violences des riches-hommes. L’accord apparent des deux ordres est remarquable dans un temps où les collisions étaient assurément fréquentes entre la noblesse et les communes. Telle est leur concorde dans les cortès de Valladolid, que les députés des villes recommandent au roi les cahiers des deux autres ordres, et appellent particulièrement son intérêt sur la situation des gentilshommes ruinés par l’épidémie[6]. On en doit conclure qui il existait des conférences entre les différentes classes de députés, ou, comme l’on dirait aujourd’hui, des communications des chambres entre elles. Sans doute un certain nombre d’affaires discutées devant des commissions mixtes n’étaient point

  1. Ibid., art. 1, 35.
  2. Ibid., art. 33.
  3. Ibid., art. 6, 9, 62.
  4. ) François Ier répondait aux ambassadeurs portugais : « Allez trouver Ango, et arrangez-vous avec lui. » Vitet, Hist. de Dieppe, t. II, p. 425,
  5. Cortès de Vall., art. 29, 70.
  6. Ibid., art. 41, 59.