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REVUE MUSICALE.




L'ART DU CHANT EN ITALIE. - LES CONTRALTI. - Mlle ALBONI.




A une époque où tant d’esprits se laissent séduire par les magnificences de l’instrumentation au point de négliger la mélodie vocale, il n’est pas sans intérêt de rappeler quelle a été l’influence du chant, et particulièrement du chant italien, sur les destinées de l’art musical. En ce moment même, une cantatrice d’élite rend au public parisien des émotions, des jouissances que les opéras nouveaux lui donnent trop rarement occasion de goûter. Dans l’accueil fait à Mlle Alboni, il y a, pour ainsi dire, un double succès, succès pour l’artiste, succès pour la grande école dont elle est un si digne représentant. Apprécier en même temps l’école et la cantatrice, montrer comment a agi sur le développement de l’opéra la méthode qui, avant Mlle Alboni, a triomphé tant de fois et si glorieusement sur la scène moderne, ce sera peut-être démontrer suffisamment l’erreur de ceux qui cherchent à faire prévaloir dans l’opéra les forces instrumentales sur la mélodie. Entre le système des grands maîtres italiens et le système qui tend aujourd’hui à prédominer, on ne peut prononcer avec certitude, si l’on n’interroge, outre l’histoire même des compositeurs, l’histoire curieuse et trop négligée de leurs interprètes.

Ici, à vrai dire, une difficulté se présente, et, pour la faire bien comprendre, nous n’avons qu’à rappeler un mot du célèbre chanteur Farinelli. En 1770, le docteur Burney, à qui l’on doit une assez bonne Histoire de la Musique, parcourait l’Italie, dans l’intention d’y recueillir les documens nécessaires au livre qu’il publia quelques années après. Il se trouvait un jour à Bologne, dans la bibliothèque