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contrariée… Tiens, j’en conviens, je suis un étourdi un méchant, un véritable écolier, un petit garçon ; mais je me repens de t’avoir affligée… Pardonne-moi…

Elle lui tendit la main en se couvrant le visage de son mouchoir. — Allons, allons, ne pleure plus, reprit-il d’un ton caressant et en la forçant à relever la tête, ne pleure plus ; je vais te montrer l’endroit où j’ai trouvé le capricorne qui sent la rose ; c’est dans le tronc de ce vieux saule ; viens voir.

Elle se releva en souriant et en essuyant d’une main la trace de ses larmes, tandis que de l’autre elle cachait sa lettre au plus profond de poches. Antonin lui montra, dans le tronc du saule, le creux où s’abritait l’insecte parfumé, et entreprit de lui décrire les mœurs des cérambix ; mais, s’apercevant bientôt que sa cousine écoutait avec distraction cette dissertation savante, il s’interrompit brusquement et dit en lui donnant un petit coup sur le bout des doigts : — Ah mauvaise ! tu boudes encore ! Mais qu’est-ce qu’il y a donc dans cette lettre ? J’ai bien le droit de le savoir. Ne me disais-tu pas, hier soir encore que tu n’avais point de secrets pour moi ?

— Oui, je disais cela hier. murmura-t-elle en soupirant.

— Et aujourd’hui ? demanda le petit baron en ouvrant de grands yeux moqueurs.

— Aujourd’hui c’est la même chose, répondit-el avec une affectation de légèreté, mais il ne me plaît pas que tu relises tous les complimens que je t’ai adressés ; tu es déjà bien assez glorieux sans cela, Dieu merci ! Cà, monsieur le baron, donnez-moi la main et allons retrouver ma belle tante.


Mme CHARLES REYBAUD.