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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.


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31 janvier 1848.


Nous sommes enfin entrés à pleines voiles dans les eaux de la discussion parlementaire, et cette espèce de brouillard qui plane régulièrement sur toutes les ouvertures de session commence à se dissiper. Peu à peu cette inquiétude, vraie ou factice, par laquelle l’esprit public se laisse périodiquement dominer, se retire de la masse, et elle se réfugie et se circonscrit dans les régions qui sont son élément naturel. La Bourse, par exemple, continue à se laisser volontairement agiter par des rumeurs sans aucun fondement sur la santé du roi ; c’est une cause de malaise et d’inquiétude qu’il faut savoir accepter, et avec laquelle il faut s’habituer à marcher : l’âge du roi, la place immense que sa personne occupe dans le monde et le vide aussi grand qu’elle devra y laisser prêtent nécessairement à des calculs qui ne pourront désormais que se multiplier de plus en plus. L’épreuve par laquelle passe toujours un ministère dans la discussion de l’adresse contribue également à entretenir l’inquiétude publique ; mais, de ce côté aussi, la situation commence à se débrouiller et à s’éclaircir. C’est l’histoire de tous les commencemens de session. Pendant les vacances parlementaires, on amasse mille exagérations qui grossissent dans le silence forcé du gouvernement. Elles s’accumulent, elles font pour ainsi dire boule de neige, et finissent par former une sorte d’obstacle dans la voie publique. Les nuages s’amassent et se suspendent sur ce qu’on est convenu d’appeler l’horizon politique, et c’est au milieu de cette atmosphère enfumée que s’ouvre la législature ; mais peu à peu la lumière se fait. La parole partie de la tribune perce, crève, et dissipe ces vapeurs ; le courant de la discussion balaie et purifie l’air ; on se revoit, on se retrouve, on se compte, on se remet en place, et presque toujours à la même. Il n’y a rien de nouveau sous le soleil, et ce qui se voit aujourd’hui s’est toujours ou presque toujours vu.

C’est ainsi que tous les doutes qui planaient sur les questions de réformes politiques ont été résolus par la déclaration très nette et très catégorique qu’a faite M. Duchâtel dans la chambre des pairs. Nous avons lieu de croire qu’on s’é-