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les droits actuels varient de 15 fr. les cent kilog. à 37, fr. 50 c. par navires français, de 16 fr. 50 c. à 41 fr. 20 c. par navires étrangers. Sur les fers traités à la houille et au laminoir, ils varient de 18 fr. 75 c. à 37 fr. 50 c. par navires français et par terre, de 20 fr. 60 c. à 41 fr. 20 c. par navires étrangers. Tout cela établit sur un seul et même produit, disons mieux, sur une seule variété d’un produit, trente-deux droits différens. A toutes ces taxations inégales et si peu judicieuses, nous proposerions de substituer un droit unique de 9 fr. les 100 kilog. Ce serait encore plus de la moitié de la moyenne actuelle des droits perçus sur les grosses barres, puisque ces droits sont de 15 fr. pour les fers traités au charbon de bois, et de 18 fr. 75 c. pour les fers traités à la bouille. Quoi qu’il en soit, les rails pour chemins de fer, assimilés par la loi actuelle aux fers en barres, et imposés aux mêmes taux selon leurs dimensions, seraient également assujettis à ce droit uniforme de 9 francs.

À ces conditions, il est hors de doute que l’importation, en France, des fers en barres et des rails, qui est actuellement bien faible, augmenterait dans une proportion notable, tellement que la recette s’élèverait, malgré l’abaissement des droits. On peut en juger par ce seul fait, que, sur les fers traités au charbon de bois, quoique le droit soit moindre, la recette s’est élevée, en 1845, à 1,113,831 francs, tandis que sur les fers traités à la houille elle n’a pas excédé 104,281 francs. C’est qu’en effet l’importation des fers traités à la houille, repoussée par l’exagération de nos tarifs, est d’une insignifiance ridicule : elle n’a été que de 5,633 quintaux métriques en 1845 (commerce spécial), tandis qu’une importation décuple, dût-elle concourir, ce qui arriverait certainement, avec l’accroissement de la production intérieure, serait à peine en rapport avec l’étendue de nos besoins. Avec un droit uniforme de 9 francs, il ne faut pas douter qu’elle augmenterait à la fois pour les deux sortes de fers, mais surtout pour les fers traités à la houille : la recette de la douane s’élèverait alors sans peine à 3,000,000 de francs.

L’importation augmenterait également pour les rails, bien que cela pût dépendre, en ce cas, de l’activité que l’on apporterait à la construction des chemins de fer. Il ne faudrait pas s’étonner que de 303,719 fr., chiffre de 1845, elle s’élevât promptement à 2 millions ; mais elle pourrait demeurer aussi fort au-dessous de ce chiffre. Nous ne porterons donc en compte, pour cet article spécial, que la modeste somme de 500,000 francs.

Sur les produits immédiatement dérivés du fer, le fil de fer, la tôle et le fer-blanc, aussi bien que sur l’acier avec ses dérivés, l’exagération du tarif est poussée jusqu’au délire. Tôle, droit principal, 40 francs les 100 kil. ; fil de fr., 60 fr. ; cordes métalliques, 70 fr. ; acier en barres, naturel et de cémentation, 60 fr. ; acier fondu, 120 fr. ; en tôle de toute