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chartraine y prennent grande part. ; ce sont les Bouvart, les Marchand, les La Troyne, les d’Aligre, les Isambert et les Lemoine. Le vrai nom des premiers était Haligre, celui des seconds Isambard, deux vocables évidemment septentrionaux, All-eger et Is-im-bart, Herse-tout et Barbe-de-glace ; noms qui remontent aux invasions normandes. Nous ne doutons pas qu’une infusion de sang scandinave assez considérable ne se soit opérée dans le pays chartrain, entre le IXe et le XIIe siècle ; il semble même qu’on découvre quelque trace de cet esprit du nord, peu disposé à céder ses privilèges, dans la persistance avec laquelle la commune chartraine exigea toujours des ecclésiastiques, prieurs et moines, l’obéissance aux règlemens et aux lois.

Cette indépendance était si bien dans les idées et le sang populaires qu’on la voit poindre, sous Louis XII, à propos du guet que le chapitre ne faisait plus faire exactement : le chapitre s’obstine ; les échevins persistent ; bientôt on exige du chapitre les subventions et fournitures d’armes, puis les secours aux pauvres, et la voix de l’échevinage devient progressivement si ferme et si haute que le chapitre est forcé de reculer.

(1506, 23 septembre.) « A été ordonné qu’on ira vers messieurs du chapitre, parce que n’y ayant pour le présent aucun guet qu’on avoit coutume de faire au clocher de plomb de l’église de Notre-Dame de jour et de nuit, quand il étoit question de guerre, pour requérir qu’ils fassent faire ledit guet en leur église au ailleurs dans le lieu le plus convenable, à quoi ils ont répondu qu’ils y aviseroient. » - ( 1507, 20 juillet.) Ordonné qu’on ira vers messieurs les doyen et chapitre de Chartres pour savoir la réponse touchant le guet, afin de prendre les mesures nécessaires avant l’année échue. — (24.) Messieurs du chapitre ayant cessé de faire faire le guet au haut de leur église depuis l’incendie du 26 juillet 1506, messieurs les échevins ont obtenu commission au bailliage pour les y faire contraindre. »

(1537, 19 juillet.) « Ordonné qu’il sera fait cris- publics à son de trompe pour faire savoir à tous les procureurs des communautés des religieux, abbayes, prieurés et couvens de la ville et banlieue de Chartres, et des avocats, procureurs, officiers et praticiens, et des frairies et communautés des métiers et maîtrises de la ville d’apporter d’huy en quinzaine devant la chambre de ladite ville les pièces d’artillerie qu’il leur est enjoint de faire faire, montées, équipées, gara de boulets, plombets, poudres et autres choses nécessaires, suivant les lettres du roi, pour la tuition et défense de la ville, et par ordonnance de la chambre, sous peine de chacun 20 livres tournois et de tenir prison. »

(1553-1554, 22janvier.) « Ont comparu quatre de messieurs les chanoines de Notre-Dame de Chartres pour et au nom des gens d’église de ladite ville et faubourgs ayant biens patrimoniaux en icelle, lesquels ont remontré que la somme de 100 livres tournois à laquelle ils ont été imposés pour ledit emprunt demandé par le roi est trop excessive eu égard à la somme départie sur les habitans de la ville, et ont requis que cette somme soit modérée eu égard à leurs facultés patrimoniales ; sur quoi leur a été répondu qu’il faudroit une assemblée