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LES SOCIALISTES


ET


LE TRAVAIL EN COMMUN.




Dans ce siècle où tout le monde est animé, je dirais presque tourmenté, par l’idée du progrès, il s’est trouvé de prétendus penseurs qui, sans tenir aucun compte de l’œuvre du temps, de la force des choses, des nécessités sociales, des lois naturelles, des dispositions du cœur humain, ont voulu tout organiser ou réorganiser. Ces hommes paraissent croire qu’avant eux tout allait mal dans le monde, et que beaucoup de choses n’allaient pas du tout. De ce qu’il n’y avait ni décrets, ni lois, ni ordonnances pour réglementer le travail, ils ont supposé que le génie du siècle, en eux personnifié, devait apporter là sa règle et son compas.

Il y a bien de l’orgueil à prétendre que tout est à réformer dans un ordre social qui est le résultat du progrès de dix-huit siècles. Ajoutons, pour être juste, que nos philanthropes, vivement touchés des misères trop fréquentes qu’ils apercevaient autour d’eux, en ont cherché le remède, pour la plupart du moins, avec un véritable amour de l’humanité ; mais ils ont trop cru que les maux de la société tenaient exclusivement à la constitution politique et industrielle. Ils n’ont pas vu que les principales causes de ces maux étaient dans la nature en général et dans celle de l’homme en particulier. Les réformes sociales