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les agitations intérieures de la Hongrie, le but que poursuivait l’Autriche, l’hérédité, ne put être atteint complètement par les premiers princes qui gouvernèrent le royaume après la bataille de Mohacz. Ces princes se bornèrent à faire nommer de leur vivant leur fils roi de Hongrie, en dépit du droit d’élection encore existant. C’est Léopold Ier qui consomma l’œuvre et seulement à la fin de son règne. Les Hongrois résistèrent long-temps à main armée contre les prétentions de l’Autriche, tantôt avec le secours des Turcs, tantôt avec l’appui des Français. Il est évident que, fatigué de ces résistances et des encouragement qu’elles rencontraient dans les libertés et les privilèges de la noblesse, l’empereur Léopold méditait un changement complet dans la constitution, qu’il voulait ramener à la simplicité du pouvoir absolu. Toute sa politique et son génie patient étaient dirigés vers ce but. A leur tour, les Hongrois étaient décidés à n’abandonner rien de leurs antiques franchises ; ils s’irritaient des réformes même utiles qu’on voulait leur imposer arbitrairement, ils voyaient en frémissant les armées étrangères occuper le royaume comme un pays ennemi. Les plaintes éclataient à chaque diète. — Les commandemens militaires et civils, disait-on, sont conférés aux étrangers. Non-seulement on ne fait pas sortir les troupes allemandes du royaume (ce que Léopold promettait sans cesse), mais on en augmente le nombre, on les loge jusque dans les demeures des ecclésiastiques et des nobles. La charge de palatin est abolie par le fait ; un Allemand remplit comme gouverneur-général ces fonctions si éminentes. On impose aux nobles des contributions inaccoutumées sous le titre d’accises et droits royaux. Les protestans sont troublés dans l’exercice de leur religion. Mieux vaudrait le régime des pachas.

Enfin la défaite des Turcs par Sobieski (1683) rendit de nouveau Léopold maître de Bude ; la mort de Tékély le délivrait de tout ennemi intérieur. C’est alors qu’il convoqua à Presbourg la célèbre diète de 1687, qui reconnut pour la première fois le droit héréditaire de la maison d’Autriche à la couronne de Hongrie. La même diète abolit la clause du décret d’André II qui autorisait la résistance des nobles contre tout souverain violateur de leurs privilèges.

Immédiatement après la proclamation de l’hérédité dans la maison d’Autriche, éclate la dernière tentative des Hongrois pour leur affranchissement. Au commencement du dernier siècle (1705), Râkôczy renouvelle contre Léopold les efforts en vain tentés par Râkôczy Ier, son grand-père, et par son beau-père Tèkély. Un instant appuyé par Louis XIV, qui lui envoya de l’argent, des troupes, des ambassadeurs, il put espérer la victoire ; mais les secours de la France l’abandonnèrent à la suite des revers de nos propres armées. Après la guerre de la succession, la Hongrie resta définitivement acquise à la maison d’Autriche :