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étrangers ; à cet effet, que l’assemblée nationale manifeste en toute circonstance le respect le plus sévère pour les contrats passés par l’état, et saisisse toutes les occasions de renier hautement les doctrines contraires, de loin ou de près, à ce principe sacré de bonne foi et d’honneur. Qu’on ne pense pas d’ailleurs que ce soient les monstrueuses élucubrations de M. Louis Blanc et de M. Proudhon qui épouvantent le plus les nations voisines : non, la folie, l’exagération de ces doctrines, tout en faisant tristement augurer d’un peuple qui élève à la représentation nationale les professeurs du communisme, rassurent contrôleur propre triomphe ; mais ce qu’on craint davantage au dehors, ce sont les principes tout aussi dangereux, quoique moins effrayans en apparence, que M. Garnier-Pagès et M. Duclerc ont voulu introduire dans nos lois de finances : le monopole de toute l’industrie au nom de l’état, par l’expropriation des compagnies de chemins de fer et d’assurances ; l’accaparement de la fabrication, pour distribuer le travail selon le bon plaisir du pouvoir ; l’impôt progressif, pour niveler les fortunes ; le droit au travail, pour tuer les grandes industries particulières au moyen de la concurrence des ateliers du gouvernement : doctrines funestes, qui, sous un régime de liberté, voudraient faire de l’état un usurpateur et prouver que la liberté industrielle est incompatible avec la république. Rassurons les peuples voisins sur l’esprit de notre gouvernement ; qu’ils sachent que le pouvoir renie ces funestes tendances, répudiées par toutes les nations chez qui la liberté n’étouffe pas, au nom d’un envieux esprit d’égalité, tout ce qui tend à s’élever au-dessus du vulgaire. Alors le crédit de la France reprendra son niveau ; nous pourrons faire appel, pour nos emprunts futurs, aux capitaux étrangers, qui, il faut se le rappeler, firent le succès des premiers grands emprunts de la restauration. Hâtons-nous, en montrant à l’Europe que le gouvernement de la république veut toujours marcher dans les voies d’honneur et de loyauté qui ont valu à la France le crédit dont elle a joui depuis trente ans, hâtons-nous de relever la confiance que le trésor français a toujours inspirée à l’Europe. N’est-il pas honteux pour nous de voir notre 3 pour 100 à 43, quand le 3 pour 100 anglais est à 87, à un prix double du nôtre, de voir notre 5 pour 100 plus bas que le 5 pour 100 d’Autriche, de Rome, de Naples ? Certes, ce ne sont pas les embarras politiques qui manquent à ces puissances. La république devrait être humiliée de sentir son crédit tombé au-dessous du crédit de puissances telles que l’Autriche et Naples ! Répétons-le encore, une des causes principales de cette extrême dépréciation de notre crédit vis-à-vis de l’Europe, ce sont les doctrines professées par les deux premiers ministres des finances de la révolution de février ; il appartient au ministre actuel, et surtout à l’assemblée nationale, en reniant ces principes destructeurs du crédit des états, de rendre au trésor français la juste confiance de l’Europe,