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de regarder en arrière avec regret et de demander un compte sévère de leur gestion aux financiers de la république ?

Voici la pensée qui doit ressortir de cet écrit : c’est que si la situation de nos finances est grave, inquiétante, il faut moins l’attribuer aux événemens, aux choses en elles-mêmes, qu’aux hommes qui ont effrayé le pays en voulant expérimenter leurs doctrines ; mais est-ce à dire qu’il faille absolument désespérer de voir sous la république se rétablir l’ordre dans nos finances et la confiance dans le crédit de l’état ? Loin de moi une semblable pensée. Ce peuple est trop honnête et la France est trop riche pour que les fautes de son gouvernement puissent long-temps compromettre son crédit. Tout dépend de l’assemblée nationale ; qu’elle suive le comité des finances dans la voie honorable où il veut la conduire, qu’elle répudie hautement, sous toutes les formes qu’elles affecteront, les doctrines du communisme ou du socialisme, depuis M. Louis Blanc et M. Proudhon jusqu’à M. Garnier-Pagès et M. Duclerc : alors on verra bien vite renaître la confiance alarmée, le commerce et l’industrie reprendront leur essor ; les capitaux étrangers, rassurés, viendront accroître nos propres ressources ; la consommation, vivifiée de nouveau, remplira, par la voie des impôts indirects, le vide des caisses du trésor, et le crédit de la France apparaîtra encore à la hauteur d’où les fautes seules de quelques hommes l’ont momentanément précipité.


BENJAMIN DELESSERT.