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les petits phénomènes, a étudié avec sa précision ordinaire les lois qui président à ce curieux développement de l’électricité. Il a prouvé, contrairement à l’opinion d’Haüy, que la tension électrique augmente progressivement à mesure que la température s’élève davantage, de telle sorte qu’il n’y a, pour ainsi dire, pas de limite au développement de l’électricité ; mais il faut pour cela que la chaleur soit constamment de plus en plus forte. Si la température reste un instant stationnaire, toute trace d’électricité disparaît. Puis, quand le cristal commence à se refroidir, l’électricité se montre de nouveau, mais les pôles sont renversés, c’est-à-dire que l’extrémité primitivement chargée d’électricité positive possède alors l’électricité négative, et réciproquement.

M. Becquerel a aussi rattaché à un état électrique la propriété que possèdent quelques minéraux d’émettre une certaine quantité de lumière lorsqu’on les frotte ou qu’on les chauffe légèrement. La chlorophane, variété de la chaux fluatée, est même phosphorescente à la température ordinaire, en sorte qu’elle brille constamment dans l’obscurité. Cette phosphorescence des substances minérales est bien distincte des phénomènes en apparence semblables que présentent certains animaux ou végétaux, soit à l’état de vie, soit par suite de leur décomposition. On sait, par exemple, que le bois mort et le poisson pourri sont lumineux ; mais la lumière qu’ils produisent est due à une véritable combustion s’effectuant avec lenteur. La clarté produite par certains insectes tient probablement à une cause semblable, tandis que les brillantes étincelles qui semblent jaillir du corps d’un grand nombre de petits animaux marins ont certainement une tout autre origine. On voit que, sous ce nom de phosphorescence, les savans ont réuni bien des phénomènes qui n’ont sans doute de commun qu’une production de lumière plus ou moins considérable.

Parmi les propriétés des minéraux qui depuis une trentaine d’années ont le plus attiré l’attention des expérimentateurs, les propriétés optiques sont celles qui ont donné à la science les résultats les plus nombreux et les plus intéressans. Aussi M. Dufrenoy leur a-t-il consacré plusieurs chapitres ; mais ici les détails de science pure nous entraîneraient beaucoup trop loin, et nous devons nous borner à rappeler quelques faits fondamentaux.

Tout le monde sait que deux plaques de verre superposées laissent passer la lumière, quelle que soit leur position respective. Eh bien ! prenons deux plaques de tourmaline et couchons-les l’une sur l’autre dans le même sens : tout, dans ce cas, se passera comme pour le verre ; la lumière traversera les deux plaques dans toute leur étendue. Mais disposons ces deux plaques en croix : à l’instant même la lumière cessera de les traverser. Les extrémités des plaques formant les branches de la croix resteront sans doute transparentes, mais le point d’entre-croisement sera devenu entièrement opaque.

Pour expliquer ce phénomène, il faut admettre qu’après avoir traversé la première plaque, la lumière a subi une modification telle qu’il lui est impossible de passer à travers la seconde plaque, lorsque celle-ci est, par rapport à l’autre, dans une certaine position. La lumière ainsi modifiée est dite lumière polarisée, et les phénomènes qu’elle présente dans ce nouvel état s’appellent phénomènes de polarisation.

Dans l’exemple précédent, la lumière était polarisée par réfraction. On peut