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partisans, et ce corps, bien que formé à la hâte, eût remplacé avec avantage des régimens qu’on ne pouvait qu’imparfaitement discipliner.

Il faut bien le dire, Charles-Albert voulait faire la guerre avec l’armée piémontaise seule. C’est pour cela qu’il évita autant qu’il le put d’invoquer l’intervention française, c’est pour cela qu’il repoussa les offres de services d’officiers et même de généraux étrangers que leur dévouement à la cause des nationalités et de la liberté attirait en Italie ; c’est pour cela enfin qu’il se montra si malveillant envers les volontaires lombards, et qu’il reçut de si mauvaise grâce les soldats que lui envoyèrent les autres états italiens.


III.

Nous touchons ici à une autre face de la question soulevée par l’accueil que fit aux demandes des corps francs de Lombardie le gouvernement provisoire de Milan, d’accord avec l’armée piémontaise. Ce n’est pas seulement en effet aux volontaires lombards, c’est aux volontaires et aux renforts réguliers accourus de tous les points de l’Italie que l’on fit subir des traitemens inexplicables.

Il était absurde d’espérer qu’un grand-duc de Toscane, prince de la maison d’Autriche, qu’un pontife romain et qu’un Bourbon de Naples viendraient officiellement en aide à la maison de Savoie et à la population révoltée de Milan pour chasser les Autrichiens du nord de l’Italie. L’invitation que fit, à peine installé, le gouvernement provisoire de Milan aux autres états italiens pour les engager à prendre leur part des fatigues et des dangers de la guerre, cette invitation était un simple acte de convenance, et n’avait de sens qu’en tant qu’elle s’adressait aux peuples eux-mêmes. Les peuples, en effet, comprirent cet appel, et le contingent qui fut formé dans les états romains prouva ce qu’on pouvait attendre du généreux élan des populations italiennes. L’histoire de ce contingent, placé sous les ordres du général Durando, est un épisode trop significatif de la guerre de l’indépendance italienne pour ne pas trouver place ici comme une preuve indispensable à l’appui de nos assertions.

La première armée qui se forma dans l’Italie inférieure pour marcher au secours de l’Italie du nord, ce fut l’armée romaine. Le peuple romain exigea la formation immédiate d’un corps de troupes que le général Durando serait chargé de conduire dans la Vénétie. Plusieurs légions de gardes nationaux, un assez grand nombre de volontaires, quelques troupes de la ligne et près de sept mille Suisses composaient une armée de quatorze mille hommes qui représentait le contingent romain dans la grande armée d’Italie.

L’Italie éprouva un sentiment de sécurité profonde lorsqu’elle apprit