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Défalcation faite des surfaces forestières et des terrains qu’il est absolument impossible d’utiliser, il reste à peu près 43 millions d’hectares plus ou moins propres à la culture, savoir :


hectares.
1° Terres utilisées directement par les soins et le labeur des propriétaires :
800,000 propriétaires dans l’aisance, exploitant leur domaine d’une contenance moyenne de 13 hectares 10,400,000
3,000,000 de familles pauvres cultivant un lot d’un peu plus de 3 hectares 9,600,000 20,000,000
2° Terres exploitées au profit des propriétaires :
Par l’intermédiaire d’un entrepreneur de culture qui sous-loue à ses risques et périls, et à diverses conditions ; 3,000,000
Par des fermiers, en vertu de baux spéciaux, sans la faculté de sous-louer 5,000,000
Par des métayers ou colons à moitié fruit 15,000,000 23,000,000
43,000,000

Il devient facile d’évaluer, d’après ces données, la somme distribuée par l’industrie agricole à titre de profits et de salaires, en comprenant dans le prix total celui de la nourriture que l’ouvrier rural reçoit ordinairement sur place, et qui compose alors la plus forte partie de sa rémunération.


Les 800,000 propriétaires exerçant sur leurs domaines le métier d’entrepreneur de culture peuvent réaliser à ce titre, en évaluant la nourriture de toute leur famille, un profit de 2,400 francs chacun, soit 1,920,000,000 fr.
Les 3 millions de très petits propriétaires gagnent, en alimens grossiers qu’ils absorbent, à raison de 400 francs[1] par famille 1,200,000,000
La plupart des individus de cette seconde catégorie sont obligés de travailler pour autrui, et font nombre dans les trois classes qui suivent :
600,000 familles de fermiers[2], gagnant, nourriture comprise, 2,400 francs 1,440,000,000
1,500,000 métayers, exploitant en moyenne 10 hectares et gagnant en nourriture 500 francs, en argent 300 fr., soit. 1,200,000,000
Total 5,760,000,000 fr.
  1. Ce produit s’additionne avec la petite rente qu’on a attribuée, pour être exact, au paysan possesseur de 2 ou 3 hectares. On suppose donc que ce paysan, à la fois propriétaire, ouvrier et consommateur, réalise 100 fr, pour sa rente, et 400 fr. pour prix de son travail ; total pour la famille, 500 francs.
  2. Notre estimation est un peu supérieure, en ce qui concerne les fermiers, à celle que le gouvernement vient de produire dans l’exposé des motifs du projet d’impôt sur le revenu mobilier. Nous ne savons pas si, dans le travail officiel, on tient compte, comme nous l’avons fait, de la nourriture. Nous maintenons notre calcul, jusqu’à ce que le ministre ait produit les bases du sien.