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et nous avons vu quel a été, même en 1847, le maximum de ces variations. Déjà, vers la fin de décembre, les versemens avaient recommencé à dépasser les retraits, et, du 1er janvier au 24 février, les excédans ne s’étaient pas élevés à moins de 3 millions[1]. Tout annonçait que ce mouvement serait durable. Le compte des caisses d’épargne pouvait donc être abandonné à lui-même : loin de présenter des charges, il promettait plutôt des ressources. Nous en pouvons dire autant du compte des communes. Après avoir également subi, pendant l’hiver de 1847, un léger mouvement rétrograde, il revenait, depuis la moisson, vers son chiffre accoutumé. Les versemens se succédaient rapidement, et ce qui le prouve, c’est que, même deux mois après la révolution, le 1er mai, le solde de ce compte, qui n’était au 1er janvier que de 133,024,522[2], était encore de 134,467,800[3], c’est-à-dire plus élevé de 1,443,000 fr. Or, M. Garnier Pages nous apprend que depuis le mois de mars les communes, « obligées de pourvoir au travail et à la subsistance de leurs habitans, retiraient leurs fonds du trésor[4]. » Il fallait donc qu’en janvier et février le compte eût bien grandi pour qu’après les deux mois suivans il n’eût pas encore diminué. Ainsi, avant le 24 février, on n’avait pas à se préoccuper du compte des communes, cela est de toute évidence. Quant aux comptes ouverts, soit à quelques établissemens publics, soit aux corps de troupes et aux invalides de la marine, les services auxquels ils sont destinés et les ressources qui les alimentent ont, en général, une telle concordance, qu’ils peuvent à peine éprouver d’insensibles variations. Enfin, les avances des receveurs-généraux, qui, au 1er janvier, n’étaient pas moindres de 50 millions, constituent une dernière sorte de comptes encore moins embarrassans, s’il est possible, que tous les autres. Ces avances, en effet, ne sont pas des prêts volontaires, des dépôts purement facultatifs ; ce sont, à vrai dire, des supplémens de cautionnemens : les règlemens les exigent, et il est du devoir du ministre des finances de ne laisser, dans aucun cas, s’amoindrir cette garantie du trésor.

Ainsi, nous ne pensons pas qu’on le conteste, pour tous les comptes courans, c’est-à-dire, pour plus de 325 millions sur 650, il n’y avait pas à pourvoir aux moyens de remboursement. Ces comptes se suffisaient à eux-mêmes et ne pouvaient guère donner lieu qu’à des frais de

  1. Ces excédans de recette des caisses d’épargne pendant les deux mois qui ont précédé la révolution, symptômes évidens d’un retour de prospérité, ne peuvent heureusement pas être contestés. D’après le compte des finances de 1847, le compte courant des caisses d’épargne était au 1er janvier de 62 millions : or, M. Garnier-Pagès reconnaît qu’il était de 65 millions au 24 février. Donc, dans l’intervalle, les versemens avaient excédé les retraits de 3 millions.
  2. Compte des finances de 1847, page 417.
  3. Rapport de M. Garnier-Pagès du 8 mai.
  4. Même rapport.