Page:Revue des Deux Mondes - 1848 - tome 23.djvu/883

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Sur cette somme, quelle était la part du gouvernement de la restauration, quelle était celle des gouvernemens précédens ?

L’empire, à son avènement, avait trouvé environ 56,300,000 fr. de rentes 5 0/0 inscrites au grand-livre : c’étaient les derniers débris des anciennes dettes antérieures à 1789, et de cette vaste liquidation de la république qui avait englouti tant de milliards.

Pendant la durée de l’empire, de 1810 à 1814, il ne fut inscrit que 6,700,000 fr. de rentes environ. La dette publique ne se composait donc, au 1er avril 1814, que de 63 millions de rentes 5 0/0, représentant un capital de 1 milliard 260 millions.

Ainsi, de 1814 à 1830, le capital de la dette s’était accru de 3 milliards 159 millions.

Mais la justice veut qu’on mette au compte de l’empire d’abord 153 millions de cautionnemens antérieurs à la loi de 1816, 87 millions de découverts antérieurs au 1er avril 1814, et enfin 34 millions de rentes au capital de 680 millions, qui, quoique inscrits sous la restauration, n’avaient d’autre destination que de rembourser les biens des communes vendus en 1813 et de liquider les dépenses de l’arriéré. Voilà donc 920 millions environ dont il faut décharger le compte de la restauration, et qui le réduisent, par conséquent, à 2,239,000,000. Enfin, dans cette somme, il est encore une dette, la plus lourde de toutes et la plus douloureuse, dont la responsabilité peut, au moins en partie, être déclinée par la restauration, et qu’il est équitable de ne lui attribuer que par indivis avec l’empire. Je dis plus, si les désastres de 1815 n’avaient pas pour origine incontestable les folies rétrogrades de 1814, je serais tenté d’en user largement sur ce chapitre avec la restauration ; mais 1814 a été, jusqu’à un certain point, pour les idées monarchiques, ce que viennent d’être pour les idées démocratiques les quatre premiers mois de notre nouvelle république, de ruineuses saturnales : il est donc juste que la restauration supporte aussi sa part des 95 millions de rentes inscrits de 1815 à 1818 pour liquider nos désastres et solder notre rançon. Cette part, on peut difficilement la déterminer en chiffres ; mais, assurément, lorsque l’on considère qu’à la restauration appartiennent en propre, non-seulement les emprunts de 1821 et 1822, les supplémens de cautionnemens versés en 1816 et tous les découverts postérieurs à 1814, mais les rentes créées soit pour le paiement des dettes du roi Louis XVIII, soit pour les dépenses de la guerre