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LES POÉSIES


DE


HENRI HEINE.[1]





L’INTERMEZZO.




Henri Heine a rempli une double mission : il n’a pas seulement renversé l’école historique, qui tentait de reconstruire le moyen-âge, il a aussi prévu l’avenir politique de l’Allemagne, et même il l’a raillé d’avance. En littérature, il renversait d’un souffle en même temps l’école de fausse sensiblerie des poètes souabes, école parasite, mauvaise queue de Goethe, véritable poésie d’album. Ses poésies à lui, pleines d’amour brûlant et pour ainsi dire palpable, revendiquaient le droit du beau contre le faux idéal et les franchises de la vraie liberté contre l’hypocrisie religieuse. On a souvent dit que Heine ne respectait rien, que rien ne lui était sacré : — cela est vrai dans ce sens qu’il attaque ce que les petits poètes et les petits rois respectent avant tout, c’est-à-dire leur fausse grandeur et leur fausse vertu ; mais Heine respecte et fait respecter le vrai beau partout où il le rencontre. — Dans ce sens, on l’a appelé à juste titre un païen. Il est en effet Grec avant tout. Il admire la forme quand cette forme est belle et divine, il saisit l’idée quand c’est vraiment une idée pleine et

  1. Voyez la première partie de cette étude dans la livraison du 15 juillet.