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sensuel ; autrement, il nuit à la santé. La jeune demoiselle murmura : Pourquoi donc ?

La comtesse dit d’un air dolent : L’amour est une passion ! et elle présenta poliment une tasse à M. le baron.

Il y avait encore à la table une petite place ; ma chère, tu y manquais. Toi, tu aurais si bien dit ton opinion sur l’amour.

XLVI.

Mes chants sont empoisonnés : comment pourrait-il en être autrement ? Tu as versé du poison sur la fleur de ma vie.

Mes chants sont empoisonnés : comment pourrait-il en être autrement ? Je porte dans le cœur une multitude de serpens, et toi, ma bien-aimée !

XLVII.

Mon ancien rêve m’est revenu : c’était par une nuit du mois de mai ; nous étions assis sous les tilleuls, et nous nous jurions une fidélité éternelle ;

Et les sermens succédaient aux sermens, entremêlés de rires, de confidences et de baisers ; pour que je me souvienne du serment, tu m’as mordu la main !

O bien-aimée aux yeux bleus ! ô bien-aimée aux blanches dents ! le serment aurait bien suffi ; la morsure était de trop.

XLVIII.

Je montai au sommet de la montagne et je fus sentimental. « Si j’étais un oiseau ! » soupirai-je plusieurs millions de fois.

Si j’étais une hirondelle, je volerais vers toi, ma petite, et je bâtirais mon petit nid sous les corniches de ta fenêtre.

Si j’étais un rossignol, je volerais vers toi, ma petite, et, du milieu des verts tilleuls, je t’enverrais, la nuit, mes chansons.

Si j’étais un perroquet bavard, je volerais aussitôt vers ton cœur, car tu aimes les perroquets, et tu te réjouis de leur bavardage.

XLIX.

J’ai pleuré en rêve ; je rêvais que tu états morte ; je m’éveillai, et les larmes coulèrent le long de mes joues.

J’ai pleuré en rêve ; je rêvais que tu me quittais ; je m’éveillai, et je pleurai amèrement long-temps encore.

J’ai pleuré en rêve ; je rêvais que tu m’aimais encore ; je m’éveillai, et le torrent de mes larmes coule toujours.

L.

Toutes les nuits je te vois en rêve, et je te vois souriant gracieusement, et je me précipite en sanglotant à tes pieds chéris.

Tu me regardes d’un air triste, et tu secoues ta blonde petite tête ; de tes yeux coulent les perles humides de tes larmes.

Tu me dis tout bas un mot, et tu me donnes un bouquet de cyprès. Je m’éveille, et le bouquet est disparu, et je veux oublier le mot.