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« Nous chargeons surtout notre commissaire-général de sévir avec toute la sévérité de la loi contre les meurtriers du comte Lamberg.

« Dès que l’unité de la monarchie sera rétablie, dès que toutes les nationalités auront sauvegardé leurs droits, et que les relations mutuelles de tous les pays réunis sous notre couronne seront établies sur des bases fortes et stables, la légalité sera réintégrée par la représentation de toutes les parties constitutives de l’empire.

« FERDINAND.

« ADAM RECSEV, président du conseil. »


La diète a répondu à ce manifeste en se déclarant assemblée nationale ; elle s’est établie en permanence ; elle a constitué, sous la dictature de Kossuth, un comité de salut public, et, le danger de la patrie faisant taire pour le moment tout autre sentiment chez cette nation belliqueuse, tout le monde a pris les armes et a marché contre l’ennemi.

Jellachich et son armée étaient restés quelques jours à Sthulweissenbourg. Il semble que le général croate ait hésité à ce point, incertain s’il marcherait sur Pesth ou s’il se rapprocherait de Raab et du haut Danube, pour établir ses communications avec l’armée autrichienne. Le bruit avait d’abord couru qu’il était arrivé jusqu’à Pesth et avait bombardé la ville. La nouvelle était peu vraisemblable, car, dans sa marche rapide, le ban n’a pu amener de la grosse artillerie. Bientôt après, au contraire, on a annoncé une grande victoire des Hongrois sur l’armée croate. Voici ce qui semble vrai jusqu’à présent.

Le ministre de la guerre Mezzaros a ramené cinq à six mille hommes de troupes du bas Danube ; les jeunes gens de Pesth, la garde nationale, les députés se sont réunis à ces troupes ; on y a joint des paysans porteurs de faux, et cette armée improvisée a marché bravement à l’ennemi. On l’a rencontré à quelques lieues de Sthulweissenbourg, près des marais de Velencze. La garde nationale a engagé le combat, et quelques pièces de canon qu’elle avait conduites avec elle ont maltraité les cuirassiers croates, qui ont été jetés dans les marais ; l’ardeur des Hongrois s’est fort exaltée de ce premier succès[1]. Il paraît qu’après cet engagement Jellachich a marché sur Raab, ou du moins l’a fait occuper par un corps de son armée, sans doute, comme nous l’avons dit, pour se mettre en communication avec Vienne et attendre les troupes impériales qui doivent le seconder, aujourd’hui qu’il n’est plus seulement le ban de Croatie, mais le lieutenant-général du roi de Hongrie.

  1. C’est à la suite de ce combat que les malheureux frères Zichy, cousins de la princesse de Metternich, ont été, dit-on, massacrés par les paysans. On prétend qu’on avait trouvé sur eux des lettres de l’archiduchesse Sophie. Tout est encore obscurité dans ce nouveau crime, si ce n’est le crime même.