Page:Revue des Deux Mondes - 1848 - tome 24.djvu/33

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

au nombre des pays où nous ne tolérerions, dans aucun cas, une intervention étrangère.

« Vous pourrez, monsieur le comte, donner lecture de la présente dépêche à M. de Metternich.

« Je vous envoie ci-jointe la copie d’une circulaire que je viens d’écrire à toutes nos légations ; le texte même en explique assez l’objet pour que je n’aie pas à m’y arrêter ici. »


Cette dernière note, qui n’admettait guère de réplique entre gouvernemens qui ne voulaient pas pousser les choses à leurs dernières extrémités, termina la série des communications officielles échangées à la suite du congrès de Bohême. Les trois cours du Nord avaient été suffisamment édifiées sur la manière dont seraient reçus à Paris leurs essais collectifs d’intimidation ; elles se gardèrent de les renouveler, et reprirent peu à peu, et chacune pour son propre compte, les relations que comportait leur situation particulière vis-à-vis de la France.


Je ne crois pas me tromper beaucoup en plaçant à peu près à cette époque le moment où la coalition européenne étant, au moins ostensiblement, rompue, et le mauvais vouloir des cours du nord de l’Europe fort diminué à notre égard, notre gouvernement quitta insensiblement l’attitude que j’ai appelée accidentelle ou révolutionnaire. Pendant cette première période, qui n’a pas duré moins de quatre ans, les hommes d’état qui ont eu l’honneur de traiter au nom de la France ont-ils fait preuve de faiblesse ou d’impéritie ? Mieux que les faits que j’ai rapportés, les pièces officielles que j’ai citées détruisent de banales accusations. Ces pièces sont rangées, à leur date et à leur numéro, dans les archives du ministère des affaires étrangères ; elles sont dans les cartons de nos ambassades, aux mains des nouveaux fondés de pouvoir de la république, qui peuvent, s’ils le veulent, en faire leur profit ; il n’y a donc pas moyen d’en nier l’authenticité. Elles n’ont jamais été produites aux chambres, et le public n’en a jamais eu connaissance ; il n’est donc pas possible d’insinuer qu’elles ont été écrites pour les besoins des discussions parlementaires. En résulte-t-il que, dans les affaires de Belgique, de Pologne, d’Italie, le gouvernement tombé se soit montré insouciant ou si faible ? Sans doute il ne s’est pas amusé à convier d’anciens ennemis à se liguer de nouveau contre lui ; mais ses ministres et ses ambassadeurs, quand ils les rencontraient réunis devant eux pour d’assez douteux desseins, savaient, ce me semble, trouver naturellement au bout de leurs lèvres d’assez fermes paroles. Je l’avoue donc, j’ai peu compris le dédain superbe naguère affiché dans le Moniteur pour la diplomatie du dernier règne. On aurait dû laisser ces allures