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rendent d’Europe dans le Céleste-Empire, la situation de Mangkassar est encore préférable, et que les détroits de la Sonde, de Bali et de Lombok forment les communications les plus directes et les plus sûres entre l’Océan indien et les mers voisines de la côte chinoise[1]. Si on remarque en outre que les habitans de Célèbes et des pays voisins de Mangkassar sont les plus entreprenans de tous les peuples malais, et qu’ils sont les plus habiles à se procurer les articles de luxe les plus recherchés en Chine, on est en droit d’espérer que Mangkassar supplantera Singapour, dans un avenir prochain, comme entrepôt commercial entre les Indes et la Chine.

Le port de Mangkassar a été déclaré port franc, à dater du 1er janvier 1847, par arrêté du 9 septembre 1846. Envisagée du point de vue de l’intérêt général, cette mesure mérite une attention et doit être accueillie avec une faveur toutes spéciales. La navigation entre la Chine et l’Europe se fait, pendant une partie de l’année, le long des côtes de Célèbes. Mangkassar peut offrir à cette navigation, pendant une mousson, les avantages que le port de Laboean lui offrira pendant la mousson contraire. D’ailleurs, Mangkassar est le centre et le rendez-vous naturel du commerce de grand cabotage de tout l’archipel. L’affranchissement du port de Mangkassar amènera, selon toute probabilité, l’abolition du monopole des Moluques. Une fois le commerce déclaré libre aux Moluques, Mangkassar deviendra, par la force des choses, l’entrepôt central des riches produits de ces îles. L’île de Célèbes est elle-même riche de productions variées, et ses ressources agricoles, grace à la qualité du sol et à l’influence du climat, pourraient un jour soutenir la comparaison avec celles de Java. Mangkassar a une très bonne rade, un port des plus sûrs ; les communications intérieures déjà établies seront incessamment perfectionnées et étendues. La direction des affaires du gouvernement de Mangkassar est confiée à un homme d’une habileté et d’une libéralité de vues dont les témoignages les plus récens ne nous permettent pas de douter. Tous ces élémens de prospérité commerciale

  1. Il avait passé, par le seul détroit de la Sonde, en 1841, au moins 627 navires, dont :
    Sous pavillon hollandais 282
    « anglais 217
    «  américain 57
    «  français 22
    «  hambourgeois 15
    «  suédois 14
    «  brémois 6
    «  danois 4
    «  espagnol 4
    «  belge 3
    «  australien (angl.) 2
    «  russe 1
    TOTAL 627