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qui avait suivi tous les prêts faits pendant les cinq années antérieures aux divers états du continent, sauf une seule exception, et le haut prix auquel les fonds étrangers s’étaient élevés, avaient créé parmi nos capitalistes un grand appétit pour de semblables placemens. Quelques circonstances contribuèrent aussi à mettre les mines étrangères dans un jour favorable. Mais l’un des faits les plus importans, comme avant influé finalement sur la panique de 1825, et donnant à cette crise un caractère distinct, c’est que les importations de marchandises furent généralement faibles en 1824, et à peine égales à la consommation, en sorte qu’il se manifesta une hausse considérable dans les prix, spécialement vers la fin de l’année. Toutes ces circonstances concoururent, vers la fin de 1824, à faire naître la fièvre de la spéculation dans les premiers mois de 1825[1]. »

Ce qui prouve clairement qu’il y avait à cette fièvre de spéculation une cause plus générale, c’est la variété même des objets auxquels elle s’attacha. J’en reproduis l’énumération d’après le même écrivain 1° spéculation sur les emprunts étrangers ; 2° spéculation sur l’exploitation des mines étrangères ; 30 spéculation, dans le pays même, sur les terres et les propriétés, qui montèrent soudainement à des prix très élevés, particulièrement dans le voisinage des grandes villes ; 4° spéculation dans des compagnies de divers genres, ayant pour objet les mines, les chemins de fer, les bateaux à vapeur, les assurances, les prêts, etc. ; 5° spéculation sur les marchandises de tout genre. Est-il possible, je le demande, que le même esprit se soit révélé à la fois dans tant de directions différentes, s’il n’avait pas été éveillé par une cause générale et commune ? Or, cette cause n’est autre que l’excessif développement des escomptes de la banque, et l’impossibilité absolue pour les capitalistes, en raison du privilège exclusif dont la banque jouissait, de trouver ailleurs l’emploi régulier de leurs fonds.

On peut voir, dans le tableau qui précède, que l’encaisse métallique, qui s’était élevé à 13,800,000 livres au mois de février 1824, tomba à 2,459,000 en février 1826, ce qui fait une décroissance de plus de 111 millions sterling en deux ans. Encore tomba-t-il au-dessous même de 2 millions, et la banque se vit-elle réduite aux expédions les plus extrêmes pour en remplir les vides, à tel point qu’elle eût succombé peut-être, si elle n’avait trouvé à point nommé dans ses bureaux pour 1 million sterling de billets de moins de 5 livres, qu’elle se hâta d’émettre pour satisfaire aux plus pressans besoins.

Une autre circonstance doit frapper dans ce tableau : c’est qu’en 1825, et surtout au commencement de 1826, l’encaisse de la banque n’égalait pas même à beaucoup près le montant des dépôts dont elle était

  1. Capital, Currency and Banking, page 172.