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mais dans toutes leurs relations avec l’histoire du temps ;… » il ajoute « Que doit-on en conclure encore ? C’est que l’expérience du passé nous enseigne que l’autorité humaine et l’emploi de la force sont en définitive impuissantes en matière de croyance, — les croyances vivent sous la persécution, — et que la liberté laissée à chacun d’honorer Dieu selon sa foi et son culte, non par indifférence, mais, comme dit Fénelon, en souffrant ce que Dieu souffre, est ce qu’il y a de plus conforme à la dignité de l’homme, au respect de l’intelligence, au repos des états et au véritable esprit de la religion. »

Arrêtons-nous sur ces graves et sages paroles, sur cette conclusion d’un jugement plein d’élévation et de maturité. Il le faut bien, car la partie publiée de l’ouvrage s’arrête elle-même ici. Nous savons déjà que ce qui suivra ne sera pas d’un moindre intérêt que ce qui a paru. Quelques pages sur Saint-Cyr, détachées par avance du troisième volume, et qui n’ont été imprimées que pour un petit nombre, avaient fait pressentir tout le mérite de l’ouvrage que M. de Noailles donne aujourd’hui au public. Nous connaissons donc toute la valeur de ce que nous attendons. Demandons seulement à l’auteur de ne pas nous le faire attendre trop long-temps. Une révolution s’est faite pendant qu’il corrigeait les épreuves des deux premiers volumes : que le troisième paraisse bientôt, c’est-à-dire avant que nous ayons vu deux ou trois autres révolutions s’accomplir en Europe.


J.-J. AMPÈRE.