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hommes d’état ; mais voilà du moins ce qu’indiquent les vieilles traditions de la France en Orient et les instincts de la démocratie moderne.

En somme, lorsque l’on rapproche ces agitations nationales des peuples de la Turquie des événemens plus dramatiques de l’Autriche, tout en gémissant sur le sort des victimes généreuses et regrettables qu’ils écrasent dans leur explosion, on ne peut s’empêcher d’y remarquer un ensemble de circonstances de bon augure pour la civilisation et la liberté. Il était à craindre, au lendemain de février, que l’ennemi de la démocratie, le czar, ne trouvât des alliés pour une nouvelle sainte-alliance de l’absolutisme. L’esprit moderne s’est aussitôt emparé de la vieille Autriche et de la vieille Turquie, lancées ainsi dans des voies opposées à celles de la Russie. Il était toutefois à craindre en même temps que la secousse imprimée aux deux empires par cet esprit moderne impétueux et fier ne fût de nature à les briser, à les dissoudre et à les livrer, dans l’impuissance de la confusion et du désordre, à la convoitise du czar. Ce double péril semble aujourd’hui éloigné par la sagesse des populations slaves et roumaines. Pouvant régénérer l’Autriche et là Turquie à leur profit, elles ne veulent pas les détruire, et c’est à les seconder dans la poursuite de cet idéal qu’elles convient avec espérance la politique française.


HIPPOLYTE DESPREZ.