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Page:Revue des Deux Mondes - 1849 - tome 1.djvu/138

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et la part que les entrepreneurs leur laissent dans les bénéfices ?

Nous grouperons en quatre classes les personnes aux ordres d’un entrepreneur particulier qui les engage et les salarie, a titre d’employés, de contre-maîtres ou commis : 1° les commis des banques privilégiées et particulières, ceux des receveurs et agens de finances, les économes, intendans et chargés d’affaires, premier groupe qui doit comprendre de 4,000 à 5,000 personnes ; 2° les clercs des notaires, avoués, huissiers, agens de change, commissaires-priseurs, spécialité qui fournit des moyens de subsistance à plus de 40,000 individus ; 3° les commis attachés aux grands établissemens industriels, en qualité de gérans, caissiers, teneurs de livres, ingénieurs, mécaniciens, chimistes, voyageurs : nombre qui flotte entre 50,000 et.60,000 dans les temps ordinaires ; 4° les agens du commerce proprement dit, hommes et femmes, utilisés les uns pour la vente, les autres pour la comptabilité, le courtage, les assurances, les transports : groupe qui fournira assurément de 80,000 à 100,000 contribuables.

Beaucoup de maisons de commerce nourrissent et logent les agens qu’elles occupent : comprendra-t-on dans le compte du revenu le prix de la nourriture et du logement ? Si on le fait, les conséquences seront bien rigoureuses : comment le malheureux qui ne gagne que sa nourriture s’y prendra-t-il pour payer sa taxe, en argent ? Si on néglige cette précaution, il y aura pour la plupart des commis un moyen d’échapper à la loi : chacun déguisera le taux de ses appointemens, en déclarant qu’il est nourri. Nous pourrions signaler mille difficultés de ce genre ; nous en avons assez dit pour faire comprendre qu’une taxe sur les revenus est bien compromise quand on prétend l’étendre à toutes les classes et l’abaisser au-dessous du strict nécessaire.

Si la perception était exercée à la rigueur sur les agens nombreux des études, des bureaux et des comptoirs, ses produits ne seraient pas à dédaigner. Nous ne serons pas suspect d’exagération en attribuant aux 200,000 contribuables de cette classe une recette de 200 millions, à titre d’appointemens ; mais, pour qui connaît les besoins et les habitudes de cette condition, l’état de gêne où la retient la nécessité d’une tenue décente, un prélèvement de 6 millions paraîtra chimérique.

En récapitulant les résultats partiels de cette troisième catégorie, nous trouverons :


Revenus imposables Taxe
Pensions 20,000,000 fr. 600,000 fr.
Traitemens inscrits au budget de l’état 206,000,000 6,180,000
Traitemens des administrations publiques, locales et spéciales 28,000,000 840,000
Traitemens des employés attachés aux entreprises particulières 200,000,000 6,000,000
454,000,000 13,620,000