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lées italiennes s’étant unis aux insurgés du Tyrol autrichien, cela suffit pour que l’Autriche les adjoignît définitivement à son territoire, et considérât les vallées italiennes du versant méridional des Alpes comme autant de dépendances de la principauté de Trente. La ville de Trente devint ainsi le noyau d’un petit état qui, sous le nom de Tyrol italien, fit d’abord partie de l’Autriche, puis, en vertu du traité de Presbourg, passa à la Bavière, et plus tard fut rendu à l’Autriche, dont il a cherché de nouveau à secouer le joug en 1848. — Il importe de montrer jusqu’à quel point les sentimens de nationalité italienne se sont conservés, à travers des fortunes si diverses, parmi des populations ainsi disputées.

Ce qui est certain d’abord, c’est qu’avant la révolution française, la principauté de Trente et le comté de Tyrol avaient leurs administrations distinctes. Ce qui est non moins certain, c’est que lors de l’insurrection de 1799, parmi les populations italiennes du versant méridional des Alpes, toutes ne s’unirent pas aux populations du Tyrol allemand contre la France. Ce pays, comme tout le reste de l’Italie, fut alors divisé en deux camps : les ennemis de la France et ses partisans. Nous ne nous arrêterons pas à ces deux époques, où l’on n’avait encore porté que des atteintes indirectes à l’indépendance du Tyrol italien. L’époque de la domination bavaroise fut marquée par des faits autrement graves et significatifs.

Quand les vallées méridionales des Alpes, y compris la principauté de Trente, passèrent au pouvoir de la Bavière, ce royaume était en quelque sorte dépendant de la France. Il fallut des troupes françaises pour protéger la domination bavaroise dans le Tyrol italien. La Bavière, à peine entrée en possession de ces vallées, voulut y établir tous les impôts qu’elle jugeait compatibles avec les ressources du pays. Rien n’était plus impolitique, car les sujets du prince-évêque de Trente ne payaient que l’impôt personnel, consistant en 12 carantani (12 sous à peu près) par tête. Le fisc trentin était signalé comme le plus débonnaire de l’Europe. Ignorant peut-être les étranges privilèges dont les montagnards italiens se croyaient autorisés à jouir, Bonaparte les soumit aux anciennes charges qui pesaient sur le reste de l’Italie septentrionale, charges par elles-mêmes assez lourdes, surtout pour un peuple accoutumé à l’impôt de 12 carantani. Bonaparte et ses conseillers ne prévoyaient pas sans doute la portée de la révolution économique que leurs décrets devaient opérer dans le Trentin. Quoi qu’il en soit, l’établissement de ce système régulier d’impôts fut la vraie cause de l’animosité des montagnards contre les Français. On a préféré, nous le savons, expliquer cette animosité par un dévouement chevaleresque à la maison d’Autriche ; c’était méconnaître complètement l’esprit qui anima de tout temps les Tridentins. La Bavière, qui ne faisait qu’appli-