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Page:Revue des Deux Mondes - 1849 - tome 1.djvu/402

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partiels, les cultures, le choix plus judicieux des sites les plus propre à l’érection des habitations européennes, ont amélioré par degrés les conditions sanitaires, négligées dans l’origine de la colonisation, et Batavia elle-même a cessé de justifier la funeste renommée que lui avaient faite les récits des voyageurs. Les deux moussons sont à Java ce que l’hiver et l’été sont dans les pays en dehors des tropiques : les époques du renversement de ces moussons répondent, dans de plus étroites limites, à notre printemps et à notre automne ; mais ces deux époques de transition rapide et considérées comme malsaines ne paraissent avoir d’action sensible que sur l’homme. La végétation languissante pendant les deux mois de grande sécheresse ne s’endort cependant jamais, et, toute l’année, la terre se pare de verdure, de fleurs et de fruits.

La constitution géologique de l’île contribue merveilleusement à maintenir, à entretenir la fertilité du sol. Java se compose d’une chaîne de volcans ; cette chaîne, qui commence près du détroit de la Sonde, dans la résidence de Banlam, et finit au détroit de Bali, dans la résidence de Bézouki, a des nœuds et des rameaux nombreux, et couvre surtout de son réseau la partie centrale et la partie méridionale de l’île. D’une formation plus récente que Sumatra et Bornéo, Java paraît consister principalement en trachite. Des roches calcaires qui reposent sur ce noyau trachitique, surtout à la côte méridionale, paraissent avoir été soulevées en même temps du sein des mers. Les volcans, généralement situés à l’intérieur, se rapprochent rarement du littoral. Autrefois ils en étaient beaucoup plus voisins (ce qui est indiqué à la fois par des faits géologiques et par les témoignages historiques), mais la nature, toujours active, modifiant par degrés la forme primitive de l’île, a fini par l’entourer, surtout au nord, d’une large bande de terrain de nouvelle formation. Ce terrain s’élargit tous les ans par les alluvions marines, par les sédimens que les torrens déposent au terme de leur course précipitée et par les fréquentes inondations de la saison pluvieuse. Cette ceinture, de largeur inégale, a acquis des dimensions considérables, principalement dans les résidences de Batavia et de Krawang. À mesure que l’on s’éloigne de la mer, ce sol devient graduellement plus ferme, plus compacte et plus propre à la culture. Les couches supérieures des montagnes, décomposées par les influences atmosphériques, déchirées par les commotions volcaniques, entraînées le long des versans par les eaux pluviales dans les fonds et les vallées, charriées par les torrens et les rivières, ont fini par recouvrir l’ancien rivage au pied de la masse montueuse. Le sol alluvien a donc lui-même une origine volcanique ; le temps en a dissous les élémens primitifs, les a modifiés et les a mélangés pendant des siècles à des débris de substances animales et végétales. De cet ensemble