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formée une terre végétale toujours plus riche en humus et toujours plus fertile. À mesure que la végétation utile s’est développée dans ces couches préparées par la nature, remuées par la main puissante de l’homme et arrosées par sa prévoyante industrie, les végétaux nécessaires à l’alimentation, les arbres fruitiers, les plantes dont le commerce devait réclamer les produits, se sont présentés dans la richesse et la variété infinie de leurs formes.

Ainsi le climat et le sol concourent à faire de Java l’un des pays les plus fertiles de la terre. En même temps, la diversité des zones constituées par les gradins qui, de la base des chaînes volcaniques, s’étalent jusqu’aux crêtes de l’arête principale, crée autant de climats secondaires différens, dont chacun est propre à une végétation particulière. Il en résulte que les plantes originaires des pays étrangers ont trouvé à Java, pour la plupart, les conditions de sol et de température qui devaient en assurer la naturalisation, et c’est ainsi que l’agriculture a pu résoudre en quelques années le plus beau problème qu’elle eût à se proposer, celui de l’abondance et de la variété des produits.

Toutefois, dans la poursuite de ce grand but, l’industrie européenne n’a pas été secondée uniquement par les conditions favorables du sol et du climat : elle a trouvé dans le caractère des indigènes, dans leur aptitude particulière aux travaux des champs, d’autres élémens de succès qu’elle n’a eu garde de négliger.

Le Javanais est de taille moyenne, bien proportionné, plus petit que l’Européen et le Chinois, mais plus svelte et plus souple dans ses mouvemens. Il a le teint plus foncé que celui de plusieurs nations ou tribus de l’archipel qui lui sont inférieures en civilisation. Son front est haut, ses yeux sont petits, noirs et assez expressifs. Des pommettes saillantes, un nez petit, mais assez bien fait, quoique déprimé à sa racine, un menton bien marqué, un visage rond encadré de cheveux noirs très longs, épais et rudes au toucher, une barbe peu fournie et soigneusement épilée, tels sont à peu près les traits caractéristiques de la race. En général, ce n’est point par la beauté que les Javanais se distinguent, et on ne rencontre guère que dans la classe supérieure des figures rappelant le type hindou. On ne peut voir l’un près de l’autre un Malais et un Javanais sans être frappé de la différence des physionomies. Le regard du Javanais est plus franc, ses traits accusent moins de finesse et plus de bonté. La physionomie du Malais révèle une certaine activité d’esprit, un penchant à l’observation, à l’intrigue, à la défiance. On lit dans les yeux du Javanais le vague des idées, l’indolence du jugement, le besoin ou l’habitude de se placer dans la dépendance de toute supériorité réelle ou supposée[1]. L’expression de ses traits annonce en

  1. Deux Javanais de la même classe et du même rang se trouvent-ils chargés d’un quelconque, l’un d’eux devient immédiatement le chef sans contestation.