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Van den Bosch, à ce système des landrenten et des cultures spéciales forcées le mode de culture même obligée basé sur l’adat : dans ce cas, chaque dessa est obligé de fournir un certain nombre d’hommes pour l’établissement des jardins à café, par exemple ; mais par ce moyen, il est affranchi immédiatement de l’impôt sur les terres. Chaque habitant peut donc faire cultiver son champ par un autre moyennant cession de la partie de la récolte qui aurait dû revenir au gouvernement, ou se faire remplacer pour la plantation du café en cédant à un tiers la jouissance de cette partie de la récolte. Un grand nombre de chefs de famille, profitant de ces dispositions, abandonnent à leurs wouwongs ou ouvriers la tâche de planter le café[1].

La culture et la fabrication du sucre, celle de l’indigo et de divers autres produits, furent encouragées par le gouvernement, pendant cette même période de 1816 à 1830, et soutenues par tous les efforts, par tous les sacrifices que l’espoir du succès pouvait autoriser le résultat ne répondit que bien imparfaitement à l’attente générale. Les choses en étaient arrivées à ce point que, les frais de culture et de fabrication des produits coloniaux coïncidant avec le bas prix de ces produits en Europe, la valeur relative des exportations de Java menaçait, Dès 1828 et 1829, de décroître dans une proportion effrayante pour l’avenir de la colonie : tout concourait à indiquer combien l’état de l’industrie agricole laissait à désirer sous le rapport de l’extension comme sous celui de la stabilité des produits. Il devenait donc urgent de se frayer une route nouvelle où le Javanais eût intérêt à suivre son guide européen, parce que chaque pas qu’il y ferait lui assurerait un avantage réel et palpable, sans contrarier en rien ses habitudes domestiques.

C’est au gouverneur Van den Bosch que revient l’honneur d’avoir marché le premier dans cette voie féconde. Après avoir étudié sérieusement la condition sociale des Javanais, Van den Bosch reconnut l’importance des deux grands principes qui lui servent de base. Ces principes, nous les avons déjà indiqués : 1° toutes les terres à Java sont des terrains communaux ; 2° ces terres sont réparties à une certaine classe de citoyens, tandis qu’une autre classe est privée de toute propriété immédiate et se trouve dans une dépendance plus ou moins complète des propriétaires de fait. Van den Bosch comprit qu’il ne pourrait faire réussir un système de culture à Java qu’en se mettant

  1. C’est le système encore en vigueur aux Préanguers, et qui a eu les résultats les plus satisfaisans pour le gouvernement sans que le bien-être des indigènes paraisse en avoir reçu la moindre atteinte. Ce système est sans doute susceptible d’améliorations, et les habitans des Préanguers pourraient être plus indépendans, plus aisés, plus heureux, en un mot, qu’ils le sont sous l’influence du système que nous signalons mais la supériorité de ce système, comparé à ceux qui ont été essayés avant Van den Bosch, nous semble incontestable.