Page:Revue des Deux Mondes - 1849 - tome 1.djvu/412

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dans les fabriques. Comme le Javanais ne travaille pas volontiers sous la surveillance des Européens et préfère la surveillance et la direction de ses chefs, on alla aussi au-devant de son penchant ; le service des fonctionnaires européens fut considérablement restreint. Ces fonctionnaires se bornèrent à veiller à ce que les travaux de culture, de récolte et de transport se fissent en temps utile.

Ces principes généraux, pris pour base, subirent, dans l’application autant de modifications que les circonstances et les usages locaux le permettaient. C’est ainsi que, dans certaines résidences, on a satisfait au vœu des Javanais de cultiver certaines plantes pour leur propre compte ; ils y employaient parfois la plus grande partie de leurs champs de riz, parce que ces cultures nouvelles leur procuraient plus d’avantages que la culture du riz, quoique, dans ce cas, ils eussent à paver l’impôt territorial. Cependant les terres à riz n’ont pas toujours été affectées aux cultures en question, et là où ces terres sont rares, on a permis aux Javanais de se servir pour leurs cultures de terrains élevés. On n’a voulu négliger aucun moyen de leur rendre le travail agréable, et, malgré tant de précautions, tant d’encouragemens, ce n’est pas sans de grandes difficultés qu’on est parvenu à vaincre la répugnance des indigènes pour le travail. Les précautions à prendre dans l’application de ce système durent varier aussi selon les districts où il était introduit. Là où on rencontrait une trop grande résistance, Van den Bosch recommandait lui-même de s’en tenir au principe « que la culture d’un cinquième des terres donnant des produits propres aux marchés d’Europe libère le Javanais de l’impôt, et que le planteur a satisfait à l’obligation qui lui est imposée, lorsqu’il a soigné la plante jusqu’à maturité ; » mais, là où les cultures étaient établies sur un bon pied, comme dans les districts de l’est, Van den Bosch recommandait de n’y apporter d’autres changemens que ceux qui seraient réclamés par la population. En général, le Javanais n’aime pas les changemens. Dans les districts où l’ignorance des indigènes pouvait paralyser l’extension des cultures, on commençait par mettre à part une étendue de terrain (de préférence des terres à riz) équivalant, autant que possible, à un cinquième des sawas d’un dessa. La population chargée de la culture requise était ensuite divisée en petits groupes, qui se relevaient de telle façon qu’il y eût toujours quatre hommes disponibles pour la préparation du terrain, et qu’un seul des quatre travaillât. D’habiles mandoors chinois dirigeaient les travaux, qui étaient soumis d’ailleurs à l’inspection de chefs javanais. Les mêmes règles étaient appliquées pour la récolte.

En général, tous les travailleurs occupés à une culture pour compte du gouvernement étaient exemptés de l’impôt. Le transport de la récolte était l’objet d’une disposition semblable. Les bêtes de somme et