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Le grand commerce, le commerce durable, vit de petits bénéfices acquis souvent au prix d’immenses sacrifices. Il lui faut d’abord de grands capitaux, puis il faut qu’il soit persévérant et qu’il sache se résoudre à perdre au besoin. Là est, selon nous, le principal secret de la supériorité des Anglais, des Américains et des Hollandais dans la grande navigation commerciale. La protection éclairée des gouvernemens a fait le reste. La Maatschappy nous offre l’un des exemples les plus remarquables de l’utilité des sacrifices faits à temps en matière de commerce. La création si merveilleusement opportune de cette compagnie, le développement parallèle de son action avec l’accroissement de la production agricole de Java, le secours qu’elles se sont mutuellement prêté, constituent un fait capital dans l’histoire commerciale du monde civilisé. Bien que les circonstances extraordinaires de notre époque aient eu une influence défavorable sur les opérations commerciales et sur celles de la Maatschappy en particulier, cette société maintient son action puissante sur la navigation et l’industrie néerlandaise. Il résulte de l’exposé de ses opérations, soumis le 13 juin dernier au conseil d’administration, que, dans le cours de l’année 1847, cent quatre-vingts navires à sa consignation lui ont apporté de riches cargaisons de café, sucre, indigo, thé Java, étain de Banca, etc. Quatre-vingt-treize navires lui sont arrivés, pendant les cinq premiers mois de 1848, avec des cargaisons non moins importantes. Les ventes opérées par la société en 1847 se sont élevées à près de 50 millions de florins, ou plus de 100 millions de francs. Ses exportations pour les colonies, pendant cette même année, ont dépassé 12 millions. Elle a payé le fret de 148,000 tonneaux environ.

Le commerce de Java, en 1846, a donné les résultats suivans :

Importations : 36,420,685 flor., ou environ 73 millions de francs.
Exportations : 60,157,388 flor., ou environ 121 «

Nous n’ajouterons rien à ces chiffres, que nous n’avons pas craint de multiplier. Il reste avéré que c’est sur la double base de la production agricole et de l’activité commerciale que repose la prospérité de Java. En présence des progrès si merveilleux de cette colonie, nous avons été naturellement conduit à nous demander si la plus importante de nos possessions, si l’Algérie ne pourrait pas devoir aux mêmes causes un avenir aussi brillant. L’Algérie, que son climat a douée d’une puissance productive analogue à celle de Java, ne trouverait-elle pas dans l’influence de ce climat, dans le caractère de sa population mixte, dans l’application d’un système de culture où les capitaux et l’intelligence des planteurs français se combineraient avec le concours intéressé des chefs arabes et le travail modéré des diverses tribus, les élémens d’une association agricole semblable, à beaucoup d’égards, à