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reconnaître que, s’il en avait refusé, il aurait manqué à toutes les habitudes de sa vie publique et privée.

Le 31 décembre 1721, un raz de marée extraordinaire bouleversa les remblais du port ; des bateaux de pêche et même quelques petits bâtimens marchands y pénétrèrent, non sans de vives réclamation des Anglais. En 1744, on fit mieux : aussitôt après la déclaration de guerre, le port fut déblayé et plusieurs batteries relevées ; mais, en dépit de Fontenoy, le traité d’Aix-la-Chapelle fit revivre l’article 9 du traité d’Utrecht. La guerre ayant repris en 1755, le maréchal de Belle-Isle vint l’année suivante rétablir la navigation et les moyens de défense de Dunkerque. La marine du port avait déjà pris 675 bâtimens anglais, quand intervint le traité de 1763 ; il porte à son article 5 : Quant à la ville et au port de Dunkerque, ils seront mis en l’état fixé par le traité d’Aix-la-Chapelle et les traités antérieurs ; les forts qui défendaient l’entrée du port seront détruits ; la cunette sera comblée, et il sera pourvu à la salubrité de l’air et à la santé des habitans à la satisfaction de sa majesté britannique.

Un commissaire anglais revint donc à Dunkerque, et il y fit si bien son devoir, qu’au bout d’un an les eaux, privées d’écoulement, avaient rendu le pays pestilentiel. Comme un corps étranger introduit dans une plaie, sa présence entretint en France une irritation qui éclata en en 1778 dans notre alliance avec les États-Unis. Cinq ans après, l’Angleterre elle-même reconnaissait leur indépendance, et dans cet intervalle les corsaires de Dunkerque lui avaient à eux seuls pris 1,180 bâtimens. Cette fois les fortifications restèrent debout après la conclusion de la paix. Les Anglais les assiégèrent encore en 1793. Leur parc d’artillerie était à Furnes, et ils avaient 18,000 hommes à Hondscote. Les Autrichiens, prolongeant leur gauche jusqu’à Bruxelles, occupaient Ypres et Menin. L’armée française, commandée par Houchard, était à Cassel, et avait Lille et Saint-Omer pour points d’appui. Hoche, alors simple adjudant-général, avait proposé, en se jetant dans Dunkerque, qu’on négligeât les corps autrichiens disséminés sur notre droite, qu’on se portât rapidement sur Furnes, et qu’après avoir détruit le parc des Anglais on les prît à revers sous les murs de Dunkerque. Le comité de salut public adopta cette combinaison hardie. Houchard la comprit mal : il voulut d’abord attaquer Hondscote ; l’armée l’emporta avec des prodiges de valeur et des pertes énormes ; les Anglais levèrent le siége en abandonnant une partie de leur matériel, et gagnèrent Furnes sous la protection des Moëres. Houchard, malheureux dans les combats qui suivirent, fut guillotiné pour n’avoir pas remporté une victoire assez complète.

La place que tient la ville de Dunkerque dans notre histoire et celle