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RÉDEMPTION. 697 MADELEINE. Entrez, entrez, messieurs. (L’habilleuse sort. Lord Shefield, d’Estival et Erloff en- trent en frappant des mains, et en disant : Ah! charmante! éblouissante! divine! ) MADELEINE. Bon! bon! venez qu’on vous gronde... Vous êtes trois traîtres... Pour Dieu! prince Erloff, contenez votre grand sabre... Je vous avais prié de le faire couper en deux... Vous accrochez tout... Oui, trois traîtres que je dénonce les uns aux autres... Et d’abord, vous, Shefield, reprenez votre projectile... Le bouquet suf- fisait sans ce bracelet... Savez-vous ce que vous avez fait, malheureux, avec votre bracelet? LORD SHEFIELD. (Gravité imperturbable; léger accent anglais.) J’ai fait? quoi? MADELEINE. Vous avez tué le souffleur, milord, tout bonnement. LORD SHEFIELD. Oh! vrai! le souffleur? Je n’ai pas vu. Il était marié? MADELEINE, imitant l’accent de Shefield. Oh! pourquoi? LORD SHEFIELD. Je ferais une pension... Mais, mademoiselle, vous plaisantez peut-être? MADELEINE. Oui, peut-être;... mais je ne plaisante pas en vous disant de reprendre ce bracelet, milord, et vous, d’Estival, vos émeraudes, et vous, Erloff, vos verro- teries, assez proprettes d’ailleurs, il faut être juste. TOUS TROIS, se récriant. Ah! mademoiselle! ah! MADELEINE. (Elle leur tourne le dos, et s’arrange devant la glace pendant toute la scène.) Je ne comprends pas ces réclamations. Voulez-vous me faire le plaisir de me dire quels sont les termes de notre traité? Aussi bien, je crois que voici le mo- ment de se recorder là-dessus. D’Estival, votre bouche en cœur a la parole. d’estival. Mademoiselle Madeleine, il y a juste un an, au souper de Noël, comme nous étions sur le point de nous entretuer, ces deux messieurs, le comte Jean et moi, à propos de vos beaux yeux, vous daignâtes jeter entre nous votre gant parfumé, avec ces paroles que j’ai recueillies : « Messieurs, ce massacre serait sans objet; pour cause de désenchantement, je désire demeurer quelque temps libre de ma personne, afin de reprendre haleine; mais, à la prochaine nuit de Noël, si je conserve toujours ma liberté, je vous réunirai tous quatre à souper chez moi, et, comme vous êtes, après tout, ce qu’il y a de plus galant et de plus huppé dans Vienne... )> madeleine. Huppé? Ai-je dit huppé? d’estival. Le mot fut dit. madeleine. Je le trouve sans façon. Continuez, duc. . TOME l. 4S