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702 REVUE BES DEUX MONDES. voie donc cette lettre, et je vous atteste, comte, que jamais devoir d’amitié, ja- mais sacrifice de dévouement n’a coûté à un cœur d’ami ce que me coûte cette offense. Adieu. « Maurice. » I4E COMTE JEÀI«. Eh bien ! MADELEINE. Eh bien! c’est étonnant. — Il est fou ou il est jaloux. Qu’allez-vous faire ? LE COMTE JEAN. L’enfermer, s’il est fou; le tuer, s’il ne Test pas. MADELEINE, qui s’est mise à écrire. Bah! amenez-le plutôt souper. Je me charge de le convertir ou de me venger. Faites-lui remettre ça. LE COMTE JEAN,, riant. Bon! vous croyez qu’il viendra! MADELEINE, haussant les épaules. Parbleu ! (Le comte Jean sort en riant.) Cbez Madeleine. Uoe salle étincelante de lamière; une table richement servie et chargée de flears. MADELEINE, ROSETTE, BERTHA, petite fille de huit ans, le comte JEAN, LE prince ERLOFF, le duc D’ESTIVAL, lord SHEFIELD. (Ils commencent à souper.) MADELEINE. (A Shefîeld.) Vous êtes trop bon, milord; j’en ferai part à mon cuisinier. (A Erloff.) Oui, mon prince, ce sont des mauviettes... ou des ortolans... ou des rossignols, je ne vous dirai pas au juste; mais, pour sûr, ça vole quand c’est vivant. — Comte Jean, il me semble que vous négligez Rosette. LE comte JEAN. Pas du tout; mais je ne sais ce qu’elle a, M"^ Rosette.... Elle pousse des sou- pirs au lieu démanger tranquillement et beaucoup, comme à son ordinaire... Aurions-nous un cœur, ce soir. Rosette?... Qu’est-ce que c’est que ça, donc? ROSETTE. Non; voyez-vous, c’est que j’ai avalé quelque chose qui m’est resté dans le gosier.... Ah! mon Dieu! je vais étouffer !... Non, c’est parti. LE COMTE JEAN. Ah! tant mieux!... ma foi^ tant mieux.! Je puis vous dire maintenant. Rosette, que vous m’avez diantrement inquiété.... Enfin, puisque c’est parti, n’en parloas plus. MADELEINE. Qui est-ce donc qui secacheetqui ne dit rien derrière cette colline de fleurs?... Ah! c’est vous, d’Estival... comment ça va-t-il, mon ami? d’estival. Eh ! eh! merci; je vivote... j’ai une faim de naufragé.