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considérables se refusent même à essayer l’expérience. Un échange officiel de notes diplomatiques entre les cabinets ruine publiquement toutes les espérances unitaires. Dans ses deux notes du 23 janvier et du 16 février, la Prusse caresse fort poliment la grande patrie germanique ; mais, malgré la joie affectée que ses déclarations ont provoquée chez les patriotes aux abois, elle ne veut point de prince directeur, et proclame très haut qu’il faut que Francfort s’entende d’abord avec les états particuliers avant de promulguer une constitution générale. La note autrichienne du 4 février est encore plus ouvertement hostile à l’état unitaire. « Sa majesté impériale et son gouvernement ne peuvent considérer la fondation d’un état central unitaire que comme la source des plus fatales divisions. Sa majesté proteste solennellement contre toute subordination de sa couronne au pouvoir central, du moment où ce pouvoir serait déféré à un autre prince que lui. » Le parti avancé déclare lui-même en Bavière que « l’Allemagne sans l’Autriche n’est qu’un corps mutilé, » et que la Bavière veut avant tout maintenir son indépendance. On connaît les sentimens du roi de Hanovre. Il y eut un moment où le parlement de Francfort pouvait dominer les gouvernemens germaniques : ceux-ci ont maintenant pied chez eux et ne traitent avec Francfort que comme il leur plaît. En prendraient-ils tant à leur aise avec cette diète, qui en somme a toujours été un instrument d’ordre, si la révolution démocratique et sociale n’était venue leur rendre de l’énergie en se faisant battre chez eux, et ne les autorisait à rester sur le qui-vive en leur annonçant une nouvelle visite pour ce prochain mois de mars ? Nous ne sommes pas tenus de porter le deuil de l’unité allemande ; mais sur qui doit retomber la colère des honnêtes gens qui aimaient cette perspective, sinon encore sur les hommes de violence qui l’ont détruite pour avoir voulu la rapprocher de vive force ? Derrière toutes les déceptions et toutes les calamités qui couvrent en ce temps-ci l’Europe, il n’y a qu’une cause, le faux zèle des faux réformateurs.


The Christian Life (la Vie chrétienne), par le révérend Robert Montgomery[1]. — Il y a environ vingt ans que M. Robert Montgomery débuta comme écrivain par un poème religieux intitulé : l’Omniprésence de la Divinité. Pour une telle œuvre, le moment était on ne peut plus propice : c’était alors le règne de l’école byronienne ; mais les classes moyennes avaient conservé tout l’instinct de vénération qui distingue si éminemment les races germaniques, et elles commençaient à être fort lasses des Manfred et des Harold, qui tous à l’envi, comme M. Proudhon de nos jours, trouvaient que Dieu avait fort mal fait le monde, parce qu’il ne l’avait pas fait suivant leurs idées. Le mysticisme de M. Montgomery était-il bien précisément ce que réclamaient les besoins intellectuels de l’époque ? Nous ne saurions le dire ; mais lui au moins n’était pas une négation continuelle : loin de là, il admirait, il cherchait à comprendre, « il lisait d’un œil religieux la création, » et il eut un brillant succès, probablement par les mêmes raisons qui faisaient réussir le naturalisme des lakistes et même l’idéalisme de Shelley. À l’heure qu’il est, l’Omniprésence de la Divinité a atteint sa

  1. Londres, Arthur Hall, 25, Paternoster, Row.