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LA NUBIE.




IBSAMBOUL. — LA SECONDE CATARACTE.




Nous avons dépassé l’Égypte, l’île de Philœ fuit derrière nous. Le Nil est tortueux et resserré, ses bords ont bien un air de Nubie Des montagnes noires percent des plaines de sable. Une poussière d’un jaune doré est disposée autour de ces rochers comme les champs de neige autour des cimes aigués des Alpes ; mais ici les champs de neige sont des champs de feu. Par leur teinte et leur chaleur, ils rappellent la Solfatare de Naples. Les villages nubiens sont presque imperceptibles. Quelques rares palmiers les désignent à peine à l’attention du voyageur ; on a un vif sentiment du désert, de l’inhabité. Sur les sommets, pas un brin de mousse ou de lichen ; la vie n’est pas si complètement absente des hauteurs les plus solitaires des Alpes. Là, quelque végétation arrive, un papillon ou un oiseau s’égare sur l’aile des vents. Ici, rien de pareil ; l’aile des vents ne porte que la mort ; il n’y a de vivant que la lumière.