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conçu un plan d’exploitation qui conciliait les intérêts de la métropole avec ceux des spéculateurs, avertit les colons que le gouvernement leur ferait, avec la plus grande libéralité, les avances de fonds nécessaires pour fonder de grands établissemens, à la seule condition par eux de se conformer aux intentions tutélaires du pouvoir. Depuis cette époque, Java donne des bénéfices à la Hollande. On ne trouve pas communément des administrateurs comme Van den Bosch, et d’ailleurs nul homme, en France, n’oserait prendre la responsabilité qu’a supportée glorieusement le colonisateur de Java. On pourrait le remplacer par un conseil composé d’agronomes, de financiers, d’économistes, de commerçans, d’ingénieurs, hommes de pratique et d’initiative, cherchant uniquement l’intérêt de la métropole dans le secours offert aux colons, concevant des opérations fécondes, et servant d’intermédiaires entre le gouvernement et les entrepreneurs.

Encore des millions à donner, va-t-on dire ; où la France les prendrait-elle ? Qu’on ne s’effraie pas à l’avance. On peut, selon nous, commanditer largement les spéculations nécessaires pour vivifier la colonie sans augmenter les chiffres du budget actuel. Il suffit, par un simple déplacement de crédit, de donner un emploi fécond à des sommes dépensées improductivement.

Supposons un instant que la population européenne de l’Algérie soit augmentée et assez bien groupée pour opposer une masse respectable aux agressions des indigènes ; il résulte de ce seul fait un double bénéfice : réduction de dépenses par le rappel d’une partie des troupes nécessaires aujourd’hui, et augmentation de recettes par l’accroissement naturel de la consommation. En admettant que les économies d’une première année fussent de 10 millions, et que cette somme fût employée pour commanditer des créations nouvelles, vous augmenterez encore le peuplement, les travaux, les profits, la matière imposable ; cet accroissement se multipliera d’année en année avec la puissance de l’intérêt composé, et on en viendra infailliblement au point où les recettes feront équilibre aux dépenses.

Trente millions versés en Algérie, non pas pour cantonner des pauvres dans des baraques, mais pour fonder, de concert avec les anciens colons, avec les propriétaires du sol qui reste inculte, des banques, des cultures riches, des exploitations de mines, des usines, des entreprises commerciales ; trente millions ainsi employés amèneraient en Afrique 30,000 ames de plus. Un tel renfort permettrait de réduire l’effectif a 60,000 hommes : première économie d’un cinquième sur les dépenses (le l’armée, soit 10 millions. Qu’on retranche 2 millions aux travaux militaires ; que, sur les 8 millions des travaux civils, on en consacre 4 d’une manière spéciale à ces nouvelles créations ; qu’on donne le même emploi à la moitié du fonds de colonisation, et voilà déjà une vingtaine